Quel avenir pour l’entrepreneuriat en Tunisie ?
L’édition 2020 a marqué un nouveau départ pour le Salon de l’entrepreneuriat ! L’événement-phare change de décor pour accueillir confortablement ses plus de 10 mille visiteurs, entre étudiants, entrepreneurs et décideurs. Détails.
En Tunisie, nombreuses sont les initiatives qui ont été mises en place pour encourager les jeunes à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. À l’université, l’entrepreneuriat est même enseigné depuis les années 2000. Et pourtant, d’après Slim Feriani, l’esprit entrepreneurial fait encore défaut en Tunisie et la Fonction Publique, pour sa part, fait toujours rêver. Le ministre a appelé à multiplier les initiatives visant à encourager les jeunes à emprunter la voie de l’entrepreneuriat dans une démarche inclusive, “tout en mettant l’accent sur l’entrepreneuriat féminin et l’entrepreneuriat dans les régions”, insiste le ministre. “Il faut aussi, dans ce cadre, revoir les parcours d’accompagnement des jeunes entrepreneurs afin de rendre plus facile l’accès aux financements et diversifier les sources de ces fonds, ainsi que de leur permettre d’accéder à de nouveaux marchés”, a assuré le ministre. Cela n’est clairement pas suffisant et l’implication du secteur privé et de la société civile est sans doute nécessaire pour rectifier le tir. La multiplication des programmes d’incubation et d’accélération, ainsi que l'intégration de l’entrepreneuriat comme vecteur clé du parcours des étudiants dans plusieurs universités sont donc un bon signe. Et si ces efforts allaient jusqu’à toucher les plus jeunes ? C’est justement l’idée derrière le projet Graines d’entrepreneurs : initier les écoliers et les lycéens à l’entrepreneuriat et leur donner l’opportunité de lancer leur propre projet ! Naturellement, le salon de l'entrepreneuriat était une occasion pour ces “petit(e)s entrepreneur(e)s de présenter leurs projets et réalisations.
Start-up = croissance
Pour assurer son succès, un entrepreneur doit beaucoup au marché, à ses équipes, mais surtout à son mental, indique Jean-luc Hudry. D’après l’entrepreneur, la première clé de la réussite dans l’entrepreneuriat passe par la confiance en soi : “Que vous soyez avec votre banquier ou votre client, n’oubliez jamais que vous êtes importants”, a-t-il recommandé à l’assistance. Lorsqu’on est entrepreneur, il faut jouer gagnant; une bonne dose de doute ponctuel est permise, mais sur le fond, il faut jouer gagnant dès le départ. Un entrepreneur doit se lancer sans attendre que toutes les conditions soient réunies car “elles ne le seront jamais”. Les obstacles font partie intégrante de l’activité de l’entrepreneur. Face à un problème, le conférencier recommande de “raisonner solution” : Il faut com
mencer par bien poser le problème, puis lister les solutions possibles pour enfin choisir la solution la plus optimale. “Il faut être créatif et essayer d’utiliser des outils que nous n’avons pas eu l’habitude d’utiliser”. D’après le conférencier, ceci permettra aux entrepreneurs d’élargir leur visibilité et peut ouvrir la porte à de nouvelles opportunités. Qu’est-ce qui différencie une start-up d’une PME ? Selon Paul Graham, c’est le rythme de croissance : “Une start-up doit réaliser une croissance exponentielle”, explique-t-il dans l’un de ses essais. Il stipule que l’aspect technologique, le financement par du venture capital et l’innovation, qui sont des éléments qu’on associe souvent aux start-ups, ne sont en effet que les conséquences de la poursuite de la croissance exponentielle.
Zoom sur l’accompagnement
Réussir en tant que chef d’entreprise requiert un savoir-faire large et diversifié, non seulement pour les aspects techniques du projet, mais aussi ceux liés aux ressources humaines, à la finance, à la comptabilité, etc. Seul, un jeune entrepreneur ne peut pas s’en sortir et aura besoin d’être accompagné. Pour les soutenir, Radhi Meddeb propose à l’état “d’offrir aux candidats à l’entrepreneuriat des ‘chèques’ convertibles en consultation de spécialistes”. Pour soutenir les jeunes entrepreneurs, plusieurs structures d’accompagnement, telles que les incubateurs et les accélérateurs, ont vu le jour. Signe de l’importance du rôle que jouent ces organismes, la CDC a reçu récemment un don qui va lui permettre d'appuyer les actions d’une sélection d’incubateurs. Il s’agit de Carthage Business Angels, du Réseau Entreprendre, d’initiative Tunisie, d’afkar et d’ebda. Le coaching représente également une composante importante de l’accompagnement. Tous les grands entrepreneurs qui font la une des revues spécialisées, de Steve Jobs à Mark Zuckerberg, en passant par
Elon Musk, se sont faits coachés au début de leur carrière entrepreneuriale. Le rôle du coach est de “faire aboutir le projet avec l'entrepreneur”, a expliqué Chiheb Bouden, ancien ministre de l’enseignement Supérieur. Pour ce faire, le coach doit disposer de certaines qualités : l’écoute et l'empathie, a souligné Aïcha Ennaïfer, coach professionnelle à ECM. “Ceci va permettre à l’accompagnateur de créer une relation de confiance avec l’entrepreneur sans laquelle il ne peut réussir sa mission”, a-t-elle indiqué. Ceci dit, l’accompagnateur doit aider aussi le porteur de projet à sortir de sa zone de confort. “Nous avons souvent affaire à des jeunes qui ont vécu dans un cocon qui continue jusqu’à l’université, ce qui peut créer chez eux un excès de confiance”. La mission du coach serait alors d’aider le jeune entrepreneur à mieux assimiler la situation de son projet et de poser les bonnes questions. Ceci est particulièrement vrai lorsque le projet se dirige dans le mauvais sens. “Il faut l’amener à mettre le doigt sur ses points faibles et se poser la question sur comment les soigner”, explique Walid Daas, gestionnaire de projets d’accompagnement à Mix Learning. Être accompagnateur nécessite une importante capacité de persuasion. “Souvent, nous avons affaire à des porteurs de projets qui sont tout à fait convaincus de leur idée”, explique Bouden. “Il faut avoir les moyens de les convaincre à revoir et à modifier leur idée”. Et d’ajouter : “Il faut être patient et diplomate”. Les compétences techniques sont aussi essentielles pour permettre de bien accompagner les entrepreneurs. “Le but n’est pas de se substituer à l’entrepreneur ou de jouer le rôle du consultant”, a précisé Walid Daas. “Cette expertise devrait permettre à l’accompagnateur de bien rediriger l’entrepreneur vers les personnes bien qualifiées pour répondre à toutes ses questions”.