PME, DE QUELLES ASSURANCES AVEZ-VOUS VRAIMENT BESOIN?
La RC, l’assurance choses et les assurances personnelles sont importantes. Le reste des couvertures peut être superflu parce qu’un entrepreneur est aussi censé supporter certains risques.
Les compagnies d’assurances et les courtiers font les yeux doux aux PME, qui sont pour eux des clientes attrayantes et demandeuses de conseils. Mais dans ce segment de clientèle, la complexité est souvent assez élevée. Et, à en croire un courtier, «on y réalise encore de jolies marges». Mais on observe que de plus en plus de PME se montrent circonspectes: elles sont nombreuses à avoir fait des expériences mitigées avec les petits caractères de leurs polices et avec les clauses d’exclusion.
Par ailleurs, bien des PME doivent économiser. Et pourquoi pas sur des polices superflues? La question centrale est donc celle-ci: de quelle protection une PME a-t-elle vraiment besoin?
RISQUES MENAÇANT LA SURVIE
«A notre avis, cela dépend du secteur d’activité du client et de son profil de risque», note Jasmine Sandra Forster, directrice de la société de conseils en assurances Advantis. Pour elle, une PME a besoin au minimum d’une RC et d’une assurance choses, d’une assurance contre les cyberrisques, d’une assurance personnelle et de la prévoyance professionnelle. «Seuls les risques menaçant vraiment la survie valent la peine d’être assurés, poursuit Stefan Thurnherr, expert auprès de VZ VermögensZentrum à Zurich. Pour les PME, les assurances protection juridique sont souvent inutiles.»
Pour l’assurance RC, il est souvent tout aussi important de vérifier ses propres conditions générales ou les «service level agreements», ou en tout cas de les formuler avec précision. «Quand on conclut des contrats qui vont au-delà de la responsabilité légale, comme une prolongation du délai pour dommages sous garantie, par exemple, une RC ne sert à rien. Il importe d’observer les délais d’attente et les quotes-parts. Etre entrepreneur, cela signifie aussi savoir supporter des risques. Pas besoin d’assurer n’importe quelle babiole.»
Même son de cloche chez Stephan Wirz, du Maklerzentrum Schweiz: «L’assurance accidents est obligatoire, la complémentaire accidents a du sens, la LPP est obligatoire, la surobligatoire a du sens.» L’assurance indemnités journalières en cas de maladie (ACIJ) est à recommander et elle est de toute façon obligatoire avec la convention collective de travail. Mais aussi une assurance mobilière d’entreprise pour l’inventaire, sensée si elle est combinée avec une assurance interruption d’activité, une assurance bâtiment quand on est propriétaire, une RC entreprise et, selon le secteur d’activité, une RC professionnelle. «Pour les propriétaires ou les membres de la direction, une assurance risque de décès peut avoir du sens pour couvrir les autres associés à l’entreprise.»
Le Covid-19 a aussi affecté le secteur de l’assurance. «On a vu que beaucoup de plans de crise et de plans de continuité d’activité ne fonctionnent pas, ou alors de manière lacunaire», observe Stefan Thurnherr. «Les assurances ont adapté leurs conditions pour les couvertures en cas d’épidémie, si bien que le risque de pandémie conduisant à une interruption d’activité ne peut plus être assuré en ce moment, signale de son côté Jasmine Sandra Forster. Et les assurances personnelles sont actuellement difficiles à placer, car les assureurs s’attendent à une réduction de la masse salariale et, au bout du compte, à un volume de primes à la baisse.» Cela a d’une part entraîné une hausse des primes. Mais par ailleurs certaines compagnies exigent des informations additionnelles sur la situation économique. Il est donc indispensable de dialoguer.
CONSEILLER PERSONNEL
Combien de fois est-on censé discuter d’assurances avec son conseiller? «Chaque année ou tous les deux ans et, en tout cas, à chaque changement de type restructurations, nouvelles idées commerciales ou grosses acquisitions, il importe de revoir les contrats, estime Stephan Wirz. Toutes les trois à cinq années et chaque fois qu’il se passe quelque chose d’important pour l’entreprise (déménagement, nouveau domaine d’activité ou au lendemain d’un sinistre), il vaut la peine de procéder à une vérification complète.»
Les associations de la branche sont aussi d’un grand secours car elles connaissent bien les risques spécifiques à l’activité et peuvent souvent proposer les assurances les plus avantageuses. «Mais les courtiers indépendants munis d’un certificat Finma sont utiles aussi, signale Stefan Thurnherr. D’ailleurs, il convient toujours de demander deux ou trois offres.» Et Stephan Wirz de conclure: «Il est bon d’avoir un conseiller personnel qui se soucie de ces problèmes. Et si l’entreprise travaille à l’international, autant choisir un courtier actif à l’international.»
«UNE ASSURANCE RISQUE DE DÉCÈS PEUT AVOIR DU SENS POUR LES AUTRES ASSOCIÉS DE LA SOCIÉTÉ.» Stephan Wirz Marklerzentrum Schweiz