D’une dissolution à une autre
En 1962, le général de Gaulle dissout l’Assemblée nationale. Si la situation politique actuelle et les raisons d’Emmanuel Macron en juin ne sont pas comparables, les commentaires de l’époque offrent quelques similitudes.
Préparant sa succession, De Gaulle veut faire élire le président de la République au suffrage universel. Ce qui implique une réforme constitutionnelle par voie de référendum. Les députés n'en veulent pas et votent une motion de censure. Le gouvernement de Georges Pompidou tombe, De Gaulle doit dissoudre l’Assemblée le 9 octobre.
Réchappé de plusieurs tentatives d’attentats de la part de partisans de l’Algérie française, le général est en position de force: «La brutalité avec laquelle les coups de feu du Petit-Clamart l’ont rappelé à la réalité d’une situation qui est loin d’être stable, est pour beaucoup dans le regain de popularité que De Gaulle s’apprête à exploiter», écrit le JdG le 13 septembre. Côté popularité, Emmanuel Macron ne peut pas en dire autant. Au lieu d’attendre et de préparer la campagne des législatives, il a préféré tenter le coup de force, avec le succès que l’on sait. Contrairement à De Gaulle dont le projet d'élection présidentielle au suffrage universel sera voté à la majorité absolue. «Pour De Gaulle, le président de la République ne peut se contenter d’être un arbitre dominant la mêlée, il faut qu’il soit un chef», écrit l’éditorialiste fameux René Payot le 15 septembre.
Le 5 octobre 1962, Paris s’attend à la dissolution. Le JdG écrit: «Certains observateurs vont jusqu’à suggérer que De Gaulle a cherché cette épreuve de force pour démontrer au pays, au moyen de la crise gouvernementale actuelle d’abord, puis en permettant l’élection d’une Chambre qui sera encore plus ingouvernable ensuite, qu’un parlement avec les attributions qui sont actuellement les siennes est incompatible avec le rôle que la France doit jouer en Europe et dans le monde.»