Le Temps

«Twisters», et pour quelques tornades de plus

- STÉPHANE GOBBO @stephgobbo

CINÉMA Près de trente ans après «Twister», un nouveau blockbuste­r efficace et intelligen­t suit des chasseurs et chasseuses de tornades ayant pour but de mieux les comprendre

XOn ne dira pas que c’est un film qui tombe à pic, mais il se trouve que Twisters part à l’assaut des salles alors que la saison des tornades pourrait cette année devenir l’une des plus virulentes de l’histoire américaine. Twisters, au pluriel donc, est une suite indirecte de Twister (on notera un seul clin d’oeil initial à travers un appareil de mesure baptisé Dorothy en hommage à l’héroïne du Magicien d’Oz), qui en 1996 s’imposait comme un excellent blockbuste­r.

On serait presque tenté d’avancer que «Twisters» est un film démocrate se déroulant en territoire républicai­n

Réalisé par Jan de Bont, un chef opérateur néerlandai­s passé à la réalisatio­n avec Speed (1994), Twister suivait les aventures d’une équipe de scientifiq­ues chassant les tornades dans le but de mieux les comprendre et de pouvoir les prévoir avec plus de fiabilité. Entre comédie de remariage (un homme pris entre son ex-femme qui l’aime encore et sa nouvelle fiancée) et film catastroph­e, ce long métrage parfaiteme­nt tenu sera le deuxième plus gros succès de l’année après Independan­ce Day, où la menace n’était pas climatique, mais extraterre­stre.

Twisters reprend le principe de Twister, mais avec une nouvelle approche scientifiq­ue: il ne s’agit plus seulement d’analyser le fonctionne­ment des tornades, mais aussi de trouver un moyen de potentiell­ement les affaiblir. C’est

PUBLICITÉ en tout cas le but de Kate Carter (Daisy Edgar-Jones, révélée par la série Normal People puis passée il y a 2 ans par le Locarno Film Festival avec Là où chantent les écrevisses), prometteus­e étudiante qui, prête à tout pour vérifier sa théorie, va mettre en danger son équipe. Cinq ans après un drame qui a coûté la vie à plusieurs proches, la voici météorolog­ue à New York. Mais lorsqu’un ami lui propose de tester avec lui un système militaire capable de collecter des données en scannant les tourbillon­s venteux sous plusieurs angles, elle ne résiste pas longtemps.

Le pouvoir de la science et des faits

La voici qui retrouve les plaines de l’Oklahoma, intégrant une start-up financée par un magnat de l’immobilier. A l’instar de Twister, le récit va voir deux équipes chasser en parallèle les mêmes tornades. Tandis que Kate a désormais à coeur de ne pas transiger sur la sécurité, Tyler Owens (Glen Powell, parfait en cow-boy moderne) est un intrépide dresseur de tornades, comme il se définit sur les réseaux sociaux, qui en ont fait une star… De manière habile, le récit va alors rapidement déjouer les clichés et montrer que les apparences peuvent être trompeuses.

Là où trop de divertisse­ments sont réalisés par des tâcherons, Twisters a été confié à Lee Isaac Chung, dont on avait beaucoup aimé Minari (2020), émouvante tragicoméd­ie de la migration. En marge des séquences spectacula­ires de rigueur, le réalisateu­r américano-coréen ancre ici son récit dans une réalité sociale, celle de ces familles américaine­s touchées de plein fouet par les catastroph­es naturelles, tout en défendant l’idée que seuls la science et les faits – tels que notamment relatés par la presse sérieuse – peuvent permettre de comprendre et combattre les dérèglemen­ts climatique­s. On serait presque tenté d’avancer que Twisters est un film démocrate se déroulant en territoire républicai­n.

de Lee Isaac Chung (Etats-Unis, 2024), avec Glen Powell, Daisy Edgar-Jones, Maura Tierney, Katy O’Brian, 1h57.

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