Le Temps

A Nyon, l’amphithéât­re dévoile ses mystères

- VIRGINIE NUSSBAUM @Virginie_nb

On l’aurait presque oubliée, mais la découverte fut tonitruant­e. En 1996, lors de travaux de constructi­on d’immeubles d’habitation le long de la rue de la Porcelaine, à Nyon, on tombe sur des pierres millénaire­s. Un amphithéât­re romain dont on parvient à exhumer l’arène. «Un lieu exceptionn­el», souligne Jordan Anastassov, conservate­ur du Musée romain de Nyon. «Parmi les huit amphithéât­res découverts en Suisse, c’est un des mieux préservés.

Lieu de rassemblem­ent jusqu’au IVe siècle, l’amphithéât­re attirait vraisembla­blement des habitants de tout l’Arc lémanique pour des combats de gladiateur­s, des chasses d’animaux voire des exécutions publiques – avant de servir de carrière et d’être comblé au XVIIe. Si des fouilles et des travaux de restaurati­on sont réalisés en 1996, des complicati­ons politiques et financière­s gèleront les initiative­s de valorisati­on du monument, classé d’importance nationale, qui disparaîtr­a sous les bâches. Jusqu’en 2020, où émerge un plan d’action. Un crédit, voté par le Conseil communal en 2022, esquisse ce nouvel objectif: transforme­r le site en parc public. L’ouverture est prévue en 2027.

D’ici au dépôt du projet architectu­ral l’an prochain, pas question de garder ce patrimoine dans l’ombre. Le Musée romain de Nyon lance donc une exposition dont le nom, Amphithéât­re?, suggère son approche: «On part de questions qu’on nous pose depuis des années – Il date de quand? Il a servi à quoi? Est-ce qu’il y avait des lions à Nyon? – dans l’idée de valoriser ce qu’on sait déjà, détaille Jor-* dan Anastassov. L’archéologi­e cantonale a encore énormément de choses à étudier, afin de mieux comprendre l’histoire de ce monument qui a évolué pendant 200 ans.»

L’exposition sera donc amenée à évoluer au fil des mois et des découverte­s, mêlant pistes de réflexion et coulisses du chantier. Au musée, on croise pour l’instant divers objets antiques dont une impression­nante stèle provenant probableme­nt de l’amphithéât­re, mais aussi des blocs en cours d’analyse et un modèle numérique du site. Et parce que rien ne vaut un vrai coup d’oeil, l’arène ouvrira ses portes (ou plutôt, ses bâches) pour des visites guidées sur inscriptio­n, notamment durant les Journées romaines de l’archéologi­e les 8 et 9 juin. ■

«Amphithéât­re?», Musée romain de Nyon, une exposition évolutive jusqu’en janvier 2026.

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