Le Temps

La télévision russe s’en prend à Viola Amherd

La chaîne Pervy Kanal s’est déchaînée contre la présidente de la Confédérat­ion. Attaques sur son physique et le fait qu’elle n’est pas mariée, insinuatio­ns de corruption: la présentatr­ice Maria Boutina a fait feu de tout bois

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Cela s’est passé le 20 mai dernier. A 20h, pendant une heure entière, une émission de la première chaîne nationale russe, Prevy Kanal, s’est acharnée contre la conseillèr­e fédérale Viola Amherd. La présentatr­ice Maria Boutina, également députée à la Douma – la chambre basse de Russie – et condamnée aux EtatsUnis pour espionnage, y décrit la présidente de la Confédérat­ion comme une «égoïste et amoureuse du luxe» qui, en organisant le sommet pour la paix en Ukraine au Bürgenstoc­k, «cultive son propre agenda afin de poursuivre sa carrière», rapporte la NZZ.

L’émission, qui qualifie la conférence qui aura lieu les 15 et 16 juin prochains au bord du lac des Quatre-Cantons de «bal des satanistes», s’en prend même au physique de Viola Amherd, la décrivant comme «naturellem­ent laide», souligne de son côté la RTS dans Forum. Elle pointe le fait qu’elle n’est pas mariée et n’a pas d’enfant. Un invité de Maria Boutina déclare ainsi que l’organisati­on du sommet est une «revanche» pour Viola Amherd, car «elle se cherche un statut».

D’autres séquences insinuent que la cheffe du Départemen­t de la défense (DDPS) est corrompue, et qu’elle s’est retrouvée à son poste par hasard et non pour ses compétence­s.

Le DDPS reste muet

«C’est un signe que le gouverneme­nt russe ne reculera devant rien» NICOLAS WALDER, CONSEILLER NATIONAL (LES VERT·E·S/GE)

Contacté par la RTS, le DDPS ne fait pas de commentair­e à ce stade. En revanche, Nicolas Walder, conseiller national vert genevois et membre de la Commission de politique extérieure, juge les attaques de la télévision russe «absolument insultante­s et indigestes». Elles montrent à quel point les chaînes d’informatio­n russes ne sont «plus des chaînes d’informatio­n mais de propagande». «J’invite le Conseil fédéral, qui n’avait pas voulu reprendre les sanctions européenne­s contre Russia Today et Spoutnik, à revoir sa position sur leur interdicti­on», ajoute-t-il.

Quant à savoir si la Suisse doit officielle­ment réagir, le conseiller national répond par la négative. «C’est tellement inique, je ne suis pas sûr qu’il faille en faire une affaire d’Etat. Il faut en prendre acte. C’est un signe que le gouverneme­nt russe ne reculera devant rien pour nous attaquer, et il faut nous en prémunir», estime-t-il.

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