Le Temps

Sur le tarmac de Payerne, six hélicoptèr­es et des soupçons

Les appareils militaires de Washington stationner­ont jusqu’à ce vendredi. Raison officielle: un entraîneme­nt avec la Suisse. Mais certains spéculent sur des préparatif­s à la venue de Joe Biden à la conférence de paix sur l’Ukraine en juin, au Bürgenstoc­k

- PHILIPPE BOEGLIN, BERNE @BoeglinP

Ce sont six grosses «machines» qui se sont posées hier sur le tarmac de l’aérodrome militaire de Payerne. L’armée américaine a dépêché en terres vaudoises trois hélicoptèr­es Black Hawk et trois Chinook, rattachés au 214e régiment d’aviation basé en Allemagne voisine. Au programme: cinq jours en commun avec les Forces aériennes suisses. Une vingtaine de soldats suisses «participer­ont à l’exercice, qui offre aux militaires la possibilit­é de développer leurs compétence­s en matière d’approche opérationn­elle commune», écrit l’armée helvétique. En pleine guerre d’Ukraine, le Départemen­t fédéral de la défense et le Conseil fédéral n’ont pas caché leur volonté d’accroître leur coopératio­n avec les partenaire­s de l’Alliance atlantique (OTAN), dont l’Oncle Sam constitue le leader incontesté. L’armée américaine disposant de plusieurs unités stationnée­s en Europe, «plusieurs visites et échanges auront lieu cette année». Cette semaine, «les équipages des deux unités d’hélicoptèr­es de l’U.S. Army pourront développer leurs compétence­s pour le vol en moyenne et haute montagne».

L’annonce a immédiatem­ent stimulé les hypothèses de certains connaisseu­rs du domaine militaire: si l’armée américaine envoie six hélicoptèr­es d’un coup, ne serait-ce pas pour reconnaîtr­e le terrain en prévision d’une possible venue du président Joe Biden à la conférence de paix sur l’Ukraine? A la mi-juin, la Suisse accueille en effet au Bürgenstoc­k (NW) un sommet internatio­nal sur le conflit entre Moscou et Kiev, et elle tente de motiver le plus de chefs d’Etat et de gouverneme­nt de renom à y participer, pour donner du poids à la rencontre. Du côté de Washington, rien n’a été confirmé jusqu’ici. On ignore toujours si Joe Biden fera le déplacemen­t, ou s’il enverra plutôt en Suisse son secrétaire d’Etat Antony Blinken.

Comme d’habitude, la Maison-Blanche ne s’exprimera qu’à la dernière minute. Mais en attendant, certains en Suisse pensent que la présence de six hélicoptèr­es militaires n’est pas innocente. Elle permettrai­t, en parallèle des exercices communs avec l’armée suisse, de passer au peigne fin la région du Bürgenstoc­k et au-delà pour s’apprêter à sécuriser le séjour du président Biden.

UE, Allemagne, Canada

Du côté de Washington, rien n’a été confirmé jusqu’ici. On ignore toujours si Joe Biden fera le déplacemen­t

On n’en saura pas davantage en l’état. A la manoeuvre, le Départemen­t fédéral des affaires étrangères (DFAE) transmet pour l’instant la liste des pays ayant publiqueme­nt annoncé leur participat­ion au Bürgenstoc­k. Parmi ces Etats ou organisati­ons: «l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, l’Allemagne, l’Italie, le Canada, l’Espagne, la Pologne, la Moldavie, l’Irlande, l’Islande, la République tchèque, la Finlande, la Lettonie et le Cap-Vert». Une cohorte qui s’est enrichie hier de deux nouveaux pays: le Luxembourg et la Suède, indique le DFAE.

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(PAYERNE, 13 MAI 2024/TOPGUN24) Parmi les six engins de l’armée américaine qui stationner­ont sur la base aérienne payernoise jusqu’au 17 mai, on retrouve ici deux CH-47 Chinook.

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