Sur le tarmac de Payerne, six hélicoptères et des soupçons
Les appareils militaires de Washington stationneront jusqu’à ce vendredi. Raison officielle: un entraînement avec la Suisse. Mais certains spéculent sur des préparatifs à la venue de Joe Biden à la conférence de paix sur l’Ukraine en juin, au Bürgenstock
Ce sont six grosses «machines» qui se sont posées hier sur le tarmac de l’aérodrome militaire de Payerne. L’armée américaine a dépêché en terres vaudoises trois hélicoptères Black Hawk et trois Chinook, rattachés au 214e régiment d’aviation basé en Allemagne voisine. Au programme: cinq jours en commun avec les Forces aériennes suisses. Une vingtaine de soldats suisses «participeront à l’exercice, qui offre aux militaires la possibilité de développer leurs compétences en matière d’approche opérationnelle commune», écrit l’armée helvétique. En pleine guerre d’Ukraine, le Département fédéral de la défense et le Conseil fédéral n’ont pas caché leur volonté d’accroître leur coopération avec les partenaires de l’Alliance atlantique (OTAN), dont l’Oncle Sam constitue le leader incontesté. L’armée américaine disposant de plusieurs unités stationnées en Europe, «plusieurs visites et échanges auront lieu cette année». Cette semaine, «les équipages des deux unités d’hélicoptères de l’U.S. Army pourront développer leurs compétences pour le vol en moyenne et haute montagne».
L’annonce a immédiatement stimulé les hypothèses de certains connaisseurs du domaine militaire: si l’armée américaine envoie six hélicoptères d’un coup, ne serait-ce pas pour reconnaître le terrain en prévision d’une possible venue du président Joe Biden à la conférence de paix sur l’Ukraine? A la mi-juin, la Suisse accueille en effet au Bürgenstock (NW) un sommet international sur le conflit entre Moscou et Kiev, et elle tente de motiver le plus de chefs d’Etat et de gouvernement de renom à y participer, pour donner du poids à la rencontre. Du côté de Washington, rien n’a été confirmé jusqu’ici. On ignore toujours si Joe Biden fera le déplacement, ou s’il enverra plutôt en Suisse son secrétaire d’Etat Antony Blinken.
Comme d’habitude, la Maison-Blanche ne s’exprimera qu’à la dernière minute. Mais en attendant, certains en Suisse pensent que la présence de six hélicoptères militaires n’est pas innocente. Elle permettrait, en parallèle des exercices communs avec l’armée suisse, de passer au peigne fin la région du Bürgenstock et au-delà pour s’apprêter à sécuriser le séjour du président Biden.
UE, Allemagne, Canada
Du côté de Washington, rien n’a été confirmé jusqu’ici. On ignore toujours si Joe Biden fera le déplacement
On n’en saura pas davantage en l’état. A la manoeuvre, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) transmet pour l’instant la liste des pays ayant publiquement annoncé leur participation au Bürgenstock. Parmi ces Etats ou organisations: «l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, l’Allemagne, l’Italie, le Canada, l’Espagne, la Pologne, la Moldavie, l’Irlande, l’Islande, la République tchèque, la Finlande, la Lettonie et le Cap-Vert». Une cohorte qui s’est enrichie hier de deux nouveaux pays: le Luxembourg et la Suède, indique le DFAE.
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