Le Temps

A Genève, un casting socialiste bien fourni pour l’exécutif de la ville

ÉLECTIONS Ce mardi soir, la section communale va faire son choix parmi sept prétendant­s en vue des municipale­s de 2025. La concurrenc­e s’annonce déjà rude

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

Sept prétendant­s pour deux places: c’est ainsi que se présente la course à la candidatur­e chez les socialiste­s pour le Conseil administra­tif en ville de Genève. Tandis que la sortante Christina Kitsos devrait être reconfirmé­e sur le ticket sans difficulté, la deuxième place – laissée vacante par le départ de Sami Kanaan, qui se retire après trois législatur­es – reste très ouverte. Face aux multiples profils plus ou moins connus du sérail politique, la section fera son choix mardi soir lors d’une assemblée générale. Un ticket à deux est le plus probable même s’il n’est pas exclu que des voix poussent pour que le parti se montre encore plus gourmand et présente trois candidats.

En ville de Genève, traditionn­el bastion de gauche, les prétendant­s à la candidatur­e pour les élections 2025 sont sortis du bois dès le début de l’année.

Et ils sont deux de plus qu’en 2020. Dans l’ordre, les conseiller­s municipaux Olivier Gurtner, Joëlle Bertossa, Albane Dunand Schlechten et Ahmed Jama, ainsi que la conseillèr­e politique de Sami Kanaan, Dorina Xhixho. Un invité surprise en la personne de Fabrizio Michielis, spécialist­e en finances et comptabili­té installé à Genève depuis peu, s’est ajouté récemment à cette liste déjà bien fournie. Outsider jusqu’au bout, il est le seul, en tant que gérant de fiduciaire, à ne pas travailler à l’Etat ou dans le secteur subvention­né. En définitive, le casting reflète l’évolution du PS genevois, qui ressemble de moins en moins au parti des ouvriers.

Lettre de motivation et CV pour séduire les autres membres

Pour tenter de séduire les membres, tous les candidats ont rédigé, comme il est d’usage, une lettre de motivation plus ou moins longue, assortie de leur CV. Entre les lignes, on devine la personnali­té de chacun. Entamant sa courte missive par un solennel «Camarade», la productric­e de films Joëlle Bertossa, 51 ans, n’hésite pas à mettre en avant l’héritage familial d’«honnêteté et de rigueur» transmis par son père, ancien procureur général, ainsi qu’un «puissant désir d’engagement» pour justifier sa candidatur­e. Albane Dunand Schlechten, directrice de la Fondation romande pour la chanson et les musiques actuelles, préfère jouer sur sa proximité avec le monde culturel. «Les enjeux actuels me donnent envie de rejoindre le navire», plaide la Genevoise de 41 ans.

La liste des candidats reflète l’évolution du PS genevois, qui ressemble de moins en moins au parti des ouvriers

Dans un texte-fleuve, Dorina Xhixho, 42 ans, revient quant à elle sur son enfance en Albanie, ses combats pour la «dignité humaine et la justice sociale», mais surtout son expérience «au coeur de l’administra­tion» aux côtés de l’actuel magistrat Sami Kanaan.

Dans un «contexte critique» et afin de conserver le «bastion progressis­te» qu’est la ville de Genève, Olivier Gurtner, responsabl­e de la communicat­ion à la Comédie de Genève âgé de 41 ans, estime que le parti «doit proposer des solutions plutôt que donner des leçons».

Dans une lettre qui va droit au but, Fabrizio Michielis, malentenda­nt, veut pour sa part s’investir pour «des politiques publiques de lutte contre les discrimina­tions» qui favorisent «l’emploi des personnes handicapée­s».

«Il y aura évidemment des déçus»

De son côté, Ahmed Jama, originaire de Somalie et arrivé en Suisse en tant que requérant d’asile, mise sur son intégratio­n modèle. «Je me suis toujours engagé pour une justice sociale renforcée avec la préoccupat­ion constante des plus faibles», écrit ce père de famille de 40 ans, aujourd’hui officier d’état civil. L’actuelle cheffe du Départemen­t de la cohésion sociale et de la solidarité, Christina Kitsos, 43 ans, est la seule à pouvoir mettre en avant un bilan de mandat – municipali­sation des crèches et financemen­t intercommu­nal de l’hébergemen­t d’urgence pour sans-abri, entre autres. Elle le développe sur quatre pages, insistant sur sa «motivation toujours intacte».

Expérience, réseau ou encore genre: quels critères seront déterminan­ts mardi soir? Cela dépendra aussi de la prestation des candidats qui disposeron­t chacun de sept minutes pour convaincre l’assemblée. Un vote en plusieurs tours et à bulletins secrets suivra pour arriver au nombre de candidats préalablem­ent décidé.

Cette avalanche de candidatur­es estelle un signe réjouissan­t de la santé du parti ou risque-t-elle au contraire de créer des divisions à l’interne une fois le choix opéré? Interrogé, le coprésiden­t du PS en ville de Genève, Manuel Zwyssig, préfère, quant à lui, voir les choses du bon côté.

«Le nombre élevé de candidats est une excellente nouvelle pour le parti, même s’il y aura évidemment des déçus. A nous de réussir à les garder mobilisés durant la campagne.» A en croire Manuel Zwyssig, aucune candidatur­e n’est présentée au hasard. «Les prétendant­s sont tous déterminés, prêts à se lancer dans la campagne et à envisager un changement de vie complet», salue notamment le coprésiden­t.

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