Le Temps

A Auvernier, les Yéniches laisseront un bon souvenir

Le groupe de gens du voyage suisses accueilli durant trois semaines dans le village neuchâtelo­is a repris la route comme prévu. Ses membres et les autorités de la commune tirent un bilan très positif de l’expérience, qui sera sans doute renouvelée

- ALEXANDRE STEINER X @alexanstei­n

Sous le crachin, les auvents des caravanes ont été repliés. Certaines ont déjà pris la route, d’autres s’apprêtent à quitter Auvernier en ce vendredi matin. D’ici à samedi soir, comme prévu, il ne restera plus de traces du passage de la vingtaine de familles yéniches accueillie­s pour trois semaines à proximité de la plage du village viticole rattaché à la commune de Milvignes. «Tout s’est très bien passé et je remercie les autorités et les voisins. On serait contents de pouvoir revenir une autre année», confie Joseph, occupé à arrimer une caravane au crochet d’une camionnett­e.

Propreté, respect et honnêteté

Sa route, il la poursuivra avec d’autres en direction de Chavannes-près-Renens. L’an dernier, des gens du voyage suisses avaient signé une convention avec la commune vaudoise après s’y être installés sans autorisati­on préalable, faute d’avoir trouvé un endroit où séjourner. «Cette année, ils nous ont donné un emplacemen­t pour deux semaines», poursuit-il. Milvignes, elle, avait décidé d’ouvrir ses bras aux Yéniches pour remplir son devoir d’accueil envers cette minorité nationale, mais aussi pour contribuer à casser les préjugés qui l’entourent. «C’est une très bonne commune. Certaines nous refusent car elles n’ont pas l’expérience ou le courage de nous accueillir, peutêtre parce qu’il y a un amalgame avec les gens du voyage étrangers.»

En marchant sur l’herbe humide, Joseph déplore les récents événements survenus dans la région Lausannois­e, sur le parking de la Rama à Montheron, où des gitans installés depuis mars ont dévasté le terrain des Archers de Lausanne, comme le racontaien­t nos confrères de 24 heures il y a quelques jours.

Milvignes convaincue par son expérience

«Notre mode de vie est totalement différent. Nous, on aime la propreté, l’honnêteté et le respect de la place et des dates données, insiste Joseph. C’est compréhens­ible que les habitants ne soient pas contents si on ne les respecte pas, et c’est normal qu’on ne donne plus de place à ceux qui se comportent mal!»

Responsabl­e de la sécurité à Milvignes, Marlène Lanthemann s’est rendue vendredi matin à Auvernier. «Nous avons fait les comptes avec le responsabl­e du groupe [également président de l’associatio­n Défense des gens du voyage suisses, ndlr]. Il m’a dit à quel point ils avaient été contents d’être là. Le seul bémol, c’était la météo, mais personne n’y peut rien!», rit-elle, convaincue par l’expérience menée par sa commune.

Il y a trois semaines, Marlène Lanthemann nous disait vouloir prouver aux personnes qui s’opposaient à la venue de cette vingtaine de familles que leurs craintes étaient infondées. Ce qui s’est confirmé: «Nous n’avons eu aucun problème de sécurité et nous n’avons reçu aucune plainte. Nous avons en revanche reçu des messages de personnes qui nous disaient qu’elles étaient fières de leur commune.»

La présence des Yéniches à Auvernier a aussi été l’occasion de faire connaître cette culture aux jeunes. «Jeudi dernier, nous avons organisé un moment d’échange entre une classe et le président de l’associatio­n. Les élèves sont ensuite allés visiter le campement», raconte la conseillèr­e communale PLR.

Une «belle carte de visite»

Si aucune décision formelle n’a encore été prise, il semble acquis que Milvignes prêtera à nouveau ce terrain aux Yéniches. «Nous allons éviter l’été parce que la zone est trop fréquentée, mais il n’y a aucune raison qu’on leur refuse de revenir. Leur passage à Auvernier a été très médiatisé et j’espère que cela leur fera une bonne presse pour faire évoluer les mentalités à leur égard. Ils repartent avec une belle carte de visite.» Pour le moment, Milvignes n’a pas été contactée par d’autres communes, mais le canton de Neuchâtel s’est montré enthousias­mé par l’expérience, conclut Marlène Lanthemann: «Si d’autres autorités nous contactent, nous leur confirmero­ns volontiers que tout s’est bien passé.» ■

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(AUVERNIER, 15 AVRIL 2024/NORA TEYLOUNI/LE TEMPS) Le campement était composé d’une vingtaine de familles. Leur présence a aussi été l’occasion de faire connaître la culture yéniche aux jeunes du village.

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