«Il faudra huit nouvelles centrales électriques»
Selon une étude relayée par la «SonntagsZeitung», les éoliennes et le photovoltaïque seront insuffisants pour la transition énergétique. D’autres infrastructures de la taille d’une centrale nucléaire sont à prévoir d’ici à 2050
Une étude réalisée par l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne suggère que de nouvelles infrastructures seront nécessaires pour garantir un approvisionnement énergétique sûr en Suisse en 2050. Selon Andreas Züttel, professeur de chimie de l’EPFL, interrogé par la SonntagsZeitung, bien que les systèmes solaires et les éoliennes soient des éléments importants pour la transition énergétique, ils sont loin d’être suffisants pour l’électrification du trafic routier et le remplacement des systèmes de chauffage à énergies fossiles par des pompes à chaleur.
Hausse de 80% des besoins en électricité d’ici à 2050
Selon l’étude, il faudra huit grandes centrales électriques (dont deux de réserve) fournissant une électricité disponible en permanence et pas seulement lorsque le soleil brille ou que le vent souffle. Au total, elles devraient à elles seules produire chaque année presque autant d’électricité que la Suisse en consomme actuellement, afin que toutes les futures voitures électriques et des centaines de milliers de pompes à chaleur puissent à l’avenir fonctionner.
Les auteurs de l’étude arrivent à cette conclusion pour deux raisons. Premièrement, ils estiment que les besoins futurs en électricité seront plus élevés que ceux que prédisent les chercheurs engagés par le gouvernement fédéral. Andreas Züttel et ses collègues estiment que la demande annuelle d’électricité de la Suisse augmentera d’environ 80% d’ici à 2050, passant de 60 à 110 térawattheures. Ces prévisions sont nettement supérieures à celles de l’Association des entreprises d’électricité qui table sur une consommation d’électricité pour l’année 2050 de 80 à 90 térawattheures. L’estimation des perspectives énergétiques du gouvernement fédéral est encore plus basse: 76 térawattheures. Les experts engagés par l’Etat estimant qu’à l’avenir, beaucoup d’électricité pourrait être économisée grâce à des appareils moins gourmands en énergie.
Deuxièmement, les chercheurs sont convaincus que les futurs besoins en stockage d’électricité sont sous-estimés par les autorités et notamment par le lobby solaire. Le grand défi de la Suisse consistera à rétablir, après la disparition du pétrole, un système qui, comme aujourd’hui, fournisse de l’énergie exactement au moment où la population en a besoin. L’étude cite sept technologies différentes possibles pour ces centrales électriques, telles que les centrales à gaz alimentées à l’hydrogène, les nouvelles centrales nucléaires et les nouvelles centrales hydroélectriques.
Pour ses auteurs, une nouvelle centrale nucléaire fournirait de loin l’énergie la moins chère. Dans le journal dominical, Andreas Züttel précise ne pas vouloir faire la promotion du nucléaire traditionnel. Il estime toutefois qu’il serait probablement possible de construire un réacteur au thorium d’ici à 2050, sachant qu’un petit prototype est déjà opérationnel en Chine. Les réacteurs au thorium ont l’avantage de ne pas nécessiter d’uranium et de ne produire pratiquement aucun déchet radioactif à longue durée de vie.
■