Le charme inaltérable du conte
Trois ouvrages pour frémir, sourire et réfléchir, au coin du feu ou au creux de son lit
Flore Vesco aime jouer avec les contes qu’elle touille, distord et retourne comme des crêpes. Dans son nouveau roman pour ados, elle s’empare du Petit Poucet et le relâche passablement métamorphosé. Dans la forêt vivait une famille formée de parents et de leurs enfants: six, nés par paires, et un cadet dont le surnom était Tipou. Sept bouches à nourrir et qui avaient grandi. Sauf Tipou, qui, âgé de 13 ans, restait fluet et peinait à trouver sa place dans la fratrie. Un jour ou plutôt une nuit, sept garçons – six et un, des presque hommes – frappèrent à la porte. Abandonnés par leurs parents, ils avaient froid et mouraient de faim. Sept et sept quatorze. Comment remplir en plein hiver des écuelles déjà vides? On se souvient du conte, de Poucet, de ses frères et des filles de l’ogre; des couronnes et des bonnets intervertis.
Dans ce roman choral où chacun prend la parole, le lecteur va de surprise en surprise, interpellé par des questions sur le patriarcat, la découverte de la féminité et de la séduction, le sang tout court et celui des règles. Qui est ogre? Qui ne l’est pas? Foin de la morale, il n’y en a pas. Jouissif!
Dans ce village habité par des chats, un sort a été jeté par un terrible et mystérieux comte. Les villageois tentent d’y mettre fin en envoyant certains des leurs au château. Aucun n’en revient. Ils poussent alors Oskar le fromager, nouvellement installé, à s’y rendre. Quelle n’est pas sa surprise de découvrir que le comte est une comtesse et surtout une souris à la recherche d’un mari. Oskar va alors tenter de la séduire… à coups de fromages.
Au rythme des retournements de situation, on rigole bien dans cet album aux allures de conte déjanté et on révise sa connaissance des fromages français. Jusqu’à une issue étonnante où l’on en vient à se poser des questions sur la morale.
Ce pêcheur avait tout et cet autre n’avait rien ou presque. Ils n’avaient en commun que de naviguer dans les mêmes zones. Alors que le premier engraissait, le second maigrissait et avait beau demander de l’aide, rien ne venait. Au contraire, celui qui possédait tout craignait que s’il donne le doigt, l’autre ne lui prenne le bras. Une nuit, une terrible tempête se déclencha. Pensez-vous que son petit doigt il leva? Pas du tout. Mais attention, tout est relatif car il y a toujours plus gros que soi…
Ecrite sous forme de fable, cette histoire aborde les sujets de l’inégalité et de l’égoïsme. Sous son apparente simplicité teintée d’humour à la faveur d’un dessin un peu naïf, son actualité fait réfléchir et aussi frémir.