Vertical (Édition française)

L’HISTOIRE DE LA CROIX DE PROVENCE

- Christiane Capus

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La première avait été dressée au XVIE siècle par un marin qui avait fait la promesse d’élever une croix au sommet de la première montagne qu’il verrait s’il sortait vivant d’un naufrage. Elle était en bois, portait comme inscriptio­n « Symbole d’espérance et expression de reconnaiss­ance » et deux petites ancres de marine en fer ont été retrouvées dans le sol.

Sans doute détruite par les intempérie­s, elle fut e siècle par une nouvelle, vouée, cette fois-ci, au Dauphin de France.

Elle fut payée et construite de ses mains par le riche citoyen aixois Jean Laurens. Vingt ans plus tard, le célèbre historien aixois Roux Alphéran raconte qu’elle commençait à pourrir.

En 1842, une troisième croix posée par le pensionnat Nicolas d’aix l’a remplacée, mais là encore les conditions météo extrêmes, largement secondées par les pèlerins avides de reliques, ont raison du monument. Notez bien que c’était par dévotion et non par vandalisme que les Venturiés la dépouillai­ent.

Quoi qu’il en soit, elle acheva son existence de croix renversée par le mistral comme les précédente­s et Henry Imoucha nous dit que jusque dans les années 1950, on pouvait encore glaner quelques parcelles du malheureux monument sur les pentes du versant sud de Sainte-victoire.

La quatrième croix, la nôtre, la vôtre, l’actuelle, fut érigée après la défaite de Sedan en 1871.

Le chanoine Constantin raconte que durant l’hiver 1870 décision a été prise d’élever une croix, en fer cette fois-ci, puisque nous étions en pleine ère industriel­le.

Les travaux s’étirèrent du 20 avril 1871 au 15 mai 1875, les matériaux, y compris l’eau, étant transporté­s à dos d’arles à Embrun. Les noms des donateurs sont d’ailleurs conservés dans le coeur de cuivre enchâssé dans les entrelacs de fonte de la croix.

Ce monument était d’une portée politique manifeste puisqu’on était au moment de la chute du Second empire et que la question était de savoir s’il serait suivi par une République ou le retour de la monarchie. Sa vocation annoncée était donc de « Remercier le Ciel d’avoir épargné la Provence des Prussiens et de la petite vérole ».

On trouve ainsi des inscriptio­ns aux quatre points cardinaux du socle carré du monument :

. de la bénédictio­n (18 mai 1875) et le nom de Monseigneu­r Forcade, archevêque d’aix, Arles et Embrun, qui l’avait consacré.

. Le panneau est, tourné vers Rome et rédigé en latin, loue Dieu sans sous-entendu ni polémique.

. le trivial caractère mercantile de Marseille : « Voici matelots votre phare, négociants votre gain, travail leurs votre repos et votre richesse ».

. La quatrième face, celle orientée à l’ouest vers Aix-en-provence, comporte un poème en Provençal qu’on n’a jamais pu retrouver dans ceux pourtant collectés à l’occasion du concours organisé dans le croix et précieusem­ent conservés…

Le mystère restera donc entier sur les critères de choix du texte et sur l’auteur des vers traduits ici : « Ô Croix salut ! Source d’éternelle lumière, avec le sang d’un Dieu à testament écrit, la Provence à tes pieds s’inclina la première. Protège la Provence Ô croix de Jésus Christ. ».

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