Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

« Il manque du grain et les prix ne sont pas là »

- • Philippe COHEN

Sur la plaine de l’Hurepoix, Amaury Babault constate jour après jour, une baisse du rendement.

Tant que la chaleur est là, la moissonneu­se-batteuse ne s’arrête pas à Saint-Martin de Brethencou­rt. « Jusqu’à 22 h hier. Ce soir et samedi, il va pleuvoir » , constate Amaury Babault, qui scrute les prévisions météo sur sa montre. « Parfois, à cause de l’humidité, on ne peut pas commencer à moissonner avant 15 h » . La pluie sur la plaine de l’Hurepoix comme dans les autres champs des Yvelines a perturbé les moissons 2024 qui ne s’annoncent pas bonnes, ici aussi, entre limites d’Eure-et-Loir.

« On croit qu’il y a du monde, il n’y a pas de monde… Il manque des grains ! » résume Amaury Babault, président des jeunes agriculteu­rs du canton de SaintArnou­lt-en-Yvelines.

Hectare après hectare, la tendance se confirme. « Nous utilisons une moissonneu­se en commun sur 4 exploitati­ons soit 450ha. C’est la solidarité entre voisins et agriculteu­rs. Et chacun constate une baisse des rendements : 50 % en moins pour l’orge d’hiver et environ 30 % pour le blé pour le moment. Le trop-plein d’eau a fait que le grain n’a pas pu se remplir en juin et a pris du retard » , évalue Amaury Babault.

2024 s’annonce une mauvaise année, mais ne sera pas la pire qui fut celle de 2016. « À l’époque, il y avait eu un coup de chaud en juin qui avait touché la récolte. Là, en juin 2024, le grain a pu quand même se former… On limite la casse » , analyse-t-il.

« Beaucoup de mauvaises herbes »

Le grain est bien là, mais moins nombreux, plus petit. La pluie constante a apporté des mauvaises herbes. « J’ai jamais vu autant de matricaire­s. Lors du tri que je préfère faire avant d’aller à la coopérativ­e, il y a beaucoup de chardons, de paille et de ray-grass » , explique Amaury. Car ces mauvaises herbes favorisées par l’humidité forte concurrenc­ent le blé, l’orge et le colza. Alors le céréalier les trie minutieuse­ment avant de les déposer pour ne pas perdre lors de la mesure du PS (poids spécifique et teneur en protéines qui vont déterminer la qualité de la céréale).

Sur l’exploitati­on convention­nelle, les rendements sont bas : de 50 à 65 quintaux/ha contre 80 à 90 quintaux lors d’une bonne année.

Dans ses parcelles qui sont en bio, Amaury Babault est encore plus confronté au phénomène des mauvaises herbes. « On n’a pas arrêté de passer pour désherber et les grains se sont moins bien remplis. Habituelle­ment, c’est 50 quintaux/ha, cette année, c’est 30 à 35 quintaux/ha » , relève-t-il.

Le blé sera ensuite vendu en fonction des cours mondiaux. « Pour le moment, les prix ne sont pas là : 219 € la tonne, donc 200 € au final contre 269 €, il y a 4 mois » , consulte le céréalier avant de déposer les grains à Orsonville ou Garancière en Beauce, les silos spécialisé­s dans la récolte du bio.

« Je vais essayer le colza bio »

Après les blés tendres, Amaury Babault espère pour les orges de printemps, la faverole bio et le blé dur qu’il récoltera dans un second temps.

Mais, toujours optimiste, il croit en l’avenir : « Je vais essayer le colza bio cet été ! Et puis, on dit qu’après une mauvaise année vient une bonne car les sols ont des reliquats d’azote » . Bref, un sol amélioré. « Du moins, c’est ce qu’on dit car aucune saison ne se ressemble. Malgré tout, c’est un beau métier. Contribuer à nourrir les gens, on se sent utiles ! » conclut-il.

Newspapers in French

Newspapers from France