Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

À bord de la moissonneu­se-batteuse se joue le travail de l’année

- • Philippe COHEN

En attendant le festival de la terre les 14 et 15 septembre, rencontre avec de jeunes agriculteu­rs du Sud-Yvelines. Cette semaine, Mathis en pleine moisson à Rambouille­t.

Entre la RN10 et la voie de chemin de fer, près des habitation­s, la moissonneu­se-batteuse de Mathis est entrée en action, traversant les champs d’orge, de colza et de blé ; 120ha aux entrées de Rambouille­t.

« Depuis l’âge de 8 ans, j’aime être dans les champs. Cette saison, je suis entièremen­t à l’exploitati­on. J’aime travailler en famille, avec mon père et papy qui vient nous aider quand on change de parcelles, pour nous apporter les sandwichs ou à boire » , confie Mathis Clinard, 18ans, tout juste sorti du lycée après un diplôme de conduite et gestion des exploitati­ons agricoles à Chartres.

« Les plantes ont baigné dans l’eau »

À la conduite de la moissonneu­se, Mathis est très précis et à l’oeil partout : « Je vérifie que des impuretés ne passent pas avec le grain dans la trémie. Si j’en vois, j’actionne la grille qui va secouer la barbe qui peut entourer la plante. Je vérifie que tout tombe bien dans la coupe » . Car, ces moissons 2024 sont très délicates : « Regardez le grain d’orge est très petit » .

Son père, Didier Clinard confirme : « Le rendement est divisé par deux ! La faute à la pluie. Les plantes ont baigné dans l’eau » .

Mathis se souvient que dès les semis, c’était compliqué.

« Dès le 15 octobre, à cause de la pluie, on n’avait pas fini de semer le blé. On ne pouvait pas les semer dans de bonnes positions car les machines avaient du mal à aller dans les champs. Puis, on n’a pas réussi à mettre les engrais au bon moment » , relate Mathis. Son père confirme :

« En octobre, novembre, décembre, c’était trop humide, puis aussi au printemps, les pieds n’ont pas pu sécher. Les grains ne se sont pas remplis. Il y en a nettement moins » , explique Didier Clinard.

Pour les moissons, les pluies ont retardé encore les opérations de 15jours par rapport à l’an dernier. « On a commencé les orges mais l’humidité nous a obligés à commencer par le colza qui sèche plus vite car n’est pas entouré de paille » , précise Mathis. « Puis le temps n’est pas un temps de juillet. D’habitude, on est à 30 °C avec des jours de

l’hun- travail en continu. Là, l’humidité remonte vachement vite ! Même papy qui est à Rambouille­t depuis 60 ans, n’a jamais vu ça ! Cela rappelle la mauvaise année de 2016 où l’humidité avait endommagé les récoltes. Même moi qui avais 10 ans, je m’en souviens ! » note-t-il.

« On veille à ne pas gêner les habitants »

Alors, chaque belle journée de soleil, est une journée de gagnée. « On a fini parfois à 23 h, mais je veille toujours à ne pas gêner les habitants » , confie Mathis.

C’est une règle chez les Clinard, les derniers céréaliers de Rambouille­t, de prévenir. « Je commence à couper près des habitation­s pour laisser les gens pouvoir profiter de leurs terrasses le soir. Je fais attention quand il y a du vent » , précise-t-il. « Mais, parfois des automobili­stes klaxonnent quand on traverse avec les machines et oublient qu’on les nourrit ! »

Mathis à 18 ans ne se voit pas autrement que dans les champs. « C’est savoir travailler car on connaît bien nos terres » . Son frère, lui a suivi une autre voie : il est ingénieur mécanique et n’hésite pas à venir aider son frère et son père pour la mécanique des tracteurs. « Il faut savoir tout faire, être autonome et c’est ce qui me motive aussi » , avoue Mathis avant d’aller charger les grains dans la remorque et se rendre au silo de Greffiers à Sonchamp secondé par son père qui lui laisse de plus en plus de marge de manoeuvre dans les champs de Rambouille­t.

Newspapers in French

Newspapers from France