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Arkeotopia veut « wikifier la science »
Une polémique agite le monde de l’archéologie. Jean-Pierre Houdin, un archéologue amateur, a dévoilé une théorie sur la construction de la pyramide de Khéops. L’association Arkeotopia, située dans le sud des Yvelines, lui vient en aide.
Depuis plusieurs semaines, l’association pour la promotion de l’archéologie, Arkéotopia, située dans le sud des Yvelines, prend la défense de Jean-Pierre Houdin. Ce dernier, architecte primé et archéologue amateur suscite la controverse.
Une rampe dans la pyramide de Khéops
« Jean-Pierre Houdin est un archéologue amateur, il n’a pas de formation en archéologie et n’est pas payé pour faire un travail de recherche » , explique Jean-Olivier Gransard-Desmond.
Le président de l’association yvelinoise, Arkéotopia, revendique pourtant avoir créé une notice sur Jean-Pierre Houdin dans l’encyclopédie participative Wikipédia, avec l’accord et l’aide du principal intéressé. Il est à noter que Jean-Pierre Houdin avait déjà figuré dans Wikipédia mais sa page avait été supprimée par des tiers.
« Il a fait un excellent travail sur la pyramide de Khéops qui a permis de comprendre comment elle a été construite. En dépit de son travail, il a rencontré des difficultés auprès de la communauté scientifique française. Il a du aller chercher un soutien pour son travail chez les Américains » , détaille l’archéologue.
Jean-Pierre Houdin a découvert l’existence d’une rampe à l’intérieur de la pyramide de Khéops. Ce qui permet de comprendre comment le monument a pu être construit.
Représenter les archéologues amateurs
Il existe trois types d’archéologues : professionnels (payés et formés), bénévoles (formés mais non rémunérés) et amateur (sans formation ni rétribution). Ceux sont ces derniers que l’association veut aussi représenter.
« Wikipédia est une chance qui permet en dehors des institutions d’avoir une neutralité pour ces personnes non-représentées » , abonde Jean-Olivier Gransard-Desmond.
L’archéologue voit dans l’encyclopédie participative une innovation dans la recherche. « Cela permet de mettre en avant une personne qui a fait un travail qui mérite d’être reconnu. Dans le cas de Jean-Pierre Houdin, ce qui est intéressant, c’est l’ensemble du travail numérique réalisé avec les industries Dassault. »
Le CNRS a été informé pour mettre en place une reconnaissance plus officielle des archéologues bénévoles, notamment du travail réalisé par Jean-Pierre Houdin. « Il y a une dogmatisation de la science » , s’inquiète l’archéologue.
Le combat qu’a décidé de mener l’association, l’architecte et archéologue amateur le soutien. « Il a été mis de côté des projets qui se poursuivent sur la pyramide par le Heritage, Innovation, Preservation Institute » , glisse Jean-Olivier Gransard-Desmond.
Les travaux de la mission Scan Pyramids ont révélé en 2023, l’hypothèse déjà formulée par Jean-Pierre Houdin en 2003. « Il est soutenu par le grand public mais cassé par les scientifiques. Mais ce qui importe c’est la qualité du travail, pas le fait que le scientifique soit rémunéré ou qu’il ait un poste prestigieux » , poursuite le président de l’association.
Démocratiser la recherche
Ce dernier fait des captures d’écrans des réactions négatives dans l’optique d’alerter les autorités.
Ce combat vise ainsi à démocratiser la recherche. « En France, nous avons des programmes pluriannuels de recherche. Si les chercheurs ne les suivent pas, ils n’ont pas de financement. Passer en dehors du circuit permet une innovation » , explique-t-il.
Certains archéologues souhaitent ainsi exercer bénévolement pour conserver leur liberté de recherche. C’est notamment le cas de Philippe Jacques qui a découvert sur la dune du Pilat l’existence d’un site de production de sel, 600 avant JC alors que la formation de sable était jugé « désert archéologique » .
« Cela concerne toutes les disciplines scientifiques. On en entend plus parler pour les astronomes bénévoles » , souligne Jean-Olivier GransardDesmond.
Depuis, Jean-Pierre Houdin continue ses recherches depuis son domicile. Il étudie des documents, émet des hypothèses et les teste numériquement avec l’aide de Dassault systèmes.
❝ Ce n’est pas que Jean-Pierre Houdin qui est concerné. C’est l’ensemble des chercheurs qui ne sont pas du sérail. JEAN-OLIVIER GRANSARDDESMOND, archéologue et président d’Arkéotopia
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