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La startup recycle les déchets plastiques
Spécialisée dans le recyclage des déchets plastiques non valorisables, la startup plaisiroise Recnorec a installé sa première ligne de production industrielle à Trappes.
Il s’appelle Hibri, ressemble à du bois, dont il a l’aspect, se découpe comme des planches, se visse, peut se fixer avec des équerres, se décline de 10 à 40 mm d’épaisseur. C’est un matériau novateur, une alternative au bois.
Or noir des poubelles
Hibri est fabriqué avec des déchets plastiques non valorisables : bâches, contenants, films, gobelets, vaisselle jetable, même des paquets de bonbon...
Restauration collective, chantiers du bâtiment, agriculteurs, fournissent la ligne de production.
Le matériau permet de fabriquer du mobilier. Le lycée franco-allemand de Buc a placé une douzaine de bancs, des poubelles, dans ses espaces extérieurs, fabriqués avec Hibri.
Cette innovation majeure dans la réduction des déchets non valorisables est à mettre au crédit de la start-up Recnorec (recycler le non recyclable), fondée à Plaisir par Ugoline Soler.
Cette ingénieure agronome a longtemps travaillé chez un major hexagonal de la collecte et du traitement des déchets.
« Je m’occupais de la filière compostage. Un compost fabriqué à partir de biodéchets qui s’avèrent très pollués par le plastique que l’on retrouve dans le produit final, raconte la fondatrice de la start-up. J’ai voulu créer une filière de valorisation dédiée aux plastiques non recyclables, alternative à la mise en décharge, à l’abandon dans la nature et à l’incinération et à la prolifération dans la nature. Mon entreprise n’a pas suivi, j’ai négocié un départ et fondé Recnorec. »
Sans eau
Recnorec entame alors des recherches dans son démonstrateur installé à Plaisir et met au point Hibri, issu du broyage de plastique non triés, non lavés, fabriqué sans utilisation d’eau.
« Chaque année, la France importe du bois étranger pour son industrie et le secteur du bâtiment. Ce sont 15 millions d’hectares qui sont coupés annuellement pour notre seule consommation hexagonale. J’ai voulu concevoir une alternative à la déforestation, qui utilise des déchets ultimes, au travers d’un matériau résistant, qui peut être utilisé tel quel à l’extérieur, qui se travaille facilement » , ajoute la cheffe d’entreprise.
Recnorec a installé sa première ligne de production plasturgique industrielle à Trappes en janvier 2023. L’objectif pour 2024 est fixé à 100 tonnes de planches fabriquées en Hibri.
Les professionnels, collectivités et particuliers sont ciblés par ces planches, qui ont l’aspect du bois.
Hibri est un matériau dont le process de fabrication est gardé secret. Il est gris, gris-foncé mais certaines fabrications, avec un approvisionnement ciblé, peuvent revêtir un aspect coloré. Poncé, Hibri ressemble à du marbre.
« Il se travaille comme du bois, avec des coupes à la scie. Les copeaux, les chutes, sont rebroyés et réutilisables. Le matériau garde ses propriétés avec un potentiel de quatre recyclages. » , annonce Fanny Lemoine, chargé de communication chez Recnorec.
Recnorec fabrique des planches, mais aussi des nichoirs, bacs à compost, bacs à fleurs, mobilier intérieur et extérieur.
Des ruches
« Nous avons mis au point une ruche en Hibri. La première est installée en Moselle et au vu de la bonne récolte de miel cette année, la ruche satisfait les abeilles. Une seconde va être installée à Plaisir, chez l’apiculteur Jacky Boisseau, pour poursuivre la mise au point de ce produit innovant » , annonce
Ugoline Soler.
Recnorec ambitionne de fabriquer 500 tonnes de planches en 2025 et 3 000 tonnes à l’horizon 2027.
L’entreprise devrait recruter cinq collaborateurs cette année, en complément de son équipe de huit personnes.
Depuis 2017, deux millions d’euros ont été levés auprès d’investisseurs qui croient au projet. Il faudra réunir au moins le double pour déployer un site plus grand, permettant de coller à un objectif de production industrielle.
Ugoline Soler espère rester sur le territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines mais c’est un nouveau challenge qui s’annonce pour trouver ce site, qui sera un site industriel classé.
Et Ugoline Soler le martèle : « Il faut des débouchés pour que notre concept fonctionne et réduise les déchets ultimes. Trier c’est bien, encore faut-il que le public achète ces produits recyclés. »
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