Au-delà des errements de ChatGPT, quel avenir pour l’IA ?
ÉTHIQUE PAR JEAN-GABRIEL GANASCIA
Les seize derniers mois ont été marqués par le déploiement massif de l’intelligence artificielle générative. Tous ou presque ont pu se faire une opinion, soit par expérience personnelle, après avoir téléchargé ChatGPT, soit par ouï-dire. Beaucoup furent éblouis. Et, il est vrai que les prouesses du « chat » impressionnent : il donne le change à toute sollicitation avec aplomb, sans erreur de syntaxe ni faute d’orthographe. Il arrive parfois qu’il commette des erreurs manifestes. Ainsi, dans une chronique récente, l’informaticien Jean-Paul Delahaye indique qu’à la question « Quels sont les nombres premiers multiples de 3 entre
100 et 200 ? », une de ses versions aurait répondu : « Il n’y a qu’un nombre premier multiple de 3 entre 100 et 200, c’est 101. Tous les autres multiples de 3 entre 100 et 200 sont divisibles par 2, ce qui les rend composés. »
Et, à la requête « Elvire arrive après Léandre. Valère était déjà là quand Elvire est arrivée. Léandre était-il présent quand Valère est arrivé ? », j’ai obtenu, sur sa version 3.5 : « Oui,
Léandre était présent quand Valère est arrivé », et sur la version 4 : « Non, Léandre n’était pas présent quand Valère est arrivé, car Elvire est arrivée après lui »… Au vu de ces errements, on est en droit de se demander si la capacité de ces outils à générer des textes bien construits et plausibles constitue un vrai progrès scientifique. Nous aideront-ils dans la quête de vérité qui est l’objet de toute science authentique ? Certains affirment qu’ils révolutionneront la conception des médicaments et donneront sens à toutes sortes de données séquentielles comme aux structures de protéines, aux dossiers médicaux ou aux prévisions météorologiques, voire aux événements de la vie afin de prédire l’âge de la mort, ainsi que le prétend un article récent paru dans la revue Nature Computational Science. Saura-t-on concilier ces annonces fabuleuses avec les piètres résultats observés ? Puissent les mois qui viennent nous aider à y voir plus clair ! Mais, pour l’heure, je conseille au lecteur d’attendre encore un peu avant de donner sa langue au chat GPT…