De la nécessité de la culture pour parler climat
CLIMAT PAR CHRISTOPHE CASSOU ET CÉLINE GUIVARCH
Comment passer à l’action pour le climat ? Comment définir, adopter, embarquer le plus grand nombre dans des visions transformatives de nos modes de vie et de nos organisations sociétales ? Comment mieux anticiper et s’adapter aux risques climatiques futurs que désormais nous connaissons bien, tout en nous sevrant de notre dépendance individuelle et collective aux énergies fossiles ? Les formations aux enjeux climat et biodiversité se multiplient à la fois dans les écoles et les universités, mais aussi dans le cadre de la formation continue auprès de tout public. Mais la seule connaissance des enjeux ne suffit pas à enclencher l’action. Les chiffres restent désincarnés et n’aident pas à se représenter le monde de demain, celui à +3 °C de réchauffement global vers lequel nous nous dirigeons, ni celui d’une société bas carbone qui aurait réussi sa métamorphose. Convoquer la culture est une nécessité. Pièces de théâtre, romans d’anticipation, BD, expositions photos, séries télévisées, etc. permettent d’incarner des mondes, de solliciter nos émotions et nos imaginaires. La verve de l’humoriste, le coup de crayon du dessinateur de BD, l’oeil du photographe qui partage sa solastalgie et concrétise par son regard une éco-anxiété diffuse, sont des vecteurs cathartiques et exploratoires pour le monde actuel et à venir. Ils sont des regards réflexifs sur « qui nous sommes », et des regards créateurs sur « qui nous voulons devenir ». Scientifiques et artistes travaillent de plus en plus ensemble. Dynamique formidable de décloisonnement des esprits et, pour les chercheurs, les regards croisés sur leurs objets d’étude sont à chaque fois émancipateurs.