« Les cannabinoïdes thérapeutiques pourraient être accessibles dès 2025 »
Nicolas Authier a piloté l’expérimentation médicale de THC et CBD thérapeutiques lancée en 2020 par l’État et prolongée jusqu’à la fin de l’année pour des patients atteints de maladies graves.
NICOLAS AUTHIER PSYCHIATRE AU CHU DE CLERMONT-FERRAND
Quel était le but de cette expérimentation ?
Elle visait à valider les conditions d’accès à des médicaments contenant les deux cannabinoïdes pris par voie orale, ou un traitement à base de vapeurs de fleurs séchées de cannabis. La prescription hospitalière et l’accès aux médicaments en pharmacie sont en place, la prescription en médecine de ville va prendre plus de temps. Si les décrets d’application sont votés cette année, ces traitements seront accessibles et remboursés dès 2025.
Quels effets thérapeutiques avez-vous eus avec ces médicaments ? Nous avons obtenu un soulagement de douleurs neuropathiques et une diminution des spasmes musculaires pour la sclérose en plaques ou certaines épilepsies chez 30 % à 40 % des patients en impasse thérapeutique. Le traitement n’a pas induit de dépendance pour le moment chez les 3000 patients traités.
Peut-on encore parler de « cannabis thérapeutique ou médical » ?
C’est un abus de langage. Parle-t-on d’opium thérapeutique quand on utilise de la morphine ? Ce sont des cannabinoïdes médicaux, des médicaments à part entière qui doivent être utilisés dans des indications précises, avec des doses de THC bien inférieures à celle du stupéfiant et sous étroit contrôle médical. Elles se situent le plus souvent entre 10 et 30 mg/jour pour des patients ne consommant pas au préalable de cannabis. Sinon, du fait de la tolérance au THC déjà acquise, il est souvent nécessaire d’augmenter la dose, parfois à 100 mg/ jour en plusieurs prises.