Le Forum Incyber de tous les records
Avec près de 20.000 participants réunis à Lille, la plus grande manifestation européenne consacrée à la cybersécurité poursuit sa progression. Comme la cybercriminalité, malheureusement.
En matière de cybercriminalité, 2024, c'est assurément, « l’année de tous les dangers », ainsi que nous l'expliquions dans le n°170 de Régions Magazine. Rien d'étonnant donc à ce que le Forum Incyber de Lille, qui a eu lieu du 26 au 28 mars, ait été l'édition de tous les records. Avec près de 20.000 participants, et plus de 600 intervenants, la plus grande manifestation européenne consacrée à la cyber s'affirme chaque année davantage comme l'événement à ne pas manquer dans ce secteur de pointe, et plus que jamais placé sous les feux de l'actualité.
Les Régions, très actives dans ce domaine, ne s'y sont d'ailleurs pas trompées, présentes en force avec de véritables pavillons comme la Nouvelle-aquitaine, le Grand Est, la Bretagne, Auvergne-rhônealpes, l'occitanie et bien sûr les Hauts-de-france.
« Compte tenu de nos avancées dans ce domaine, il ne peut être question de ne pas être présents ici, avec l’ensemble de notre écosystème », annonce Irène Weiss, conseillère régionale déléguée à la Cybersécurité de la Région Grand Est. « Nous sommes ici pour accompagner nos entreprises et montrer notre savoir-faire dans ce secteur devenu incontournable », complète Stéphanie Pernod, vice-présidente de la Région Auvergne-rhônealpes, en charge du Développement économique. « Nous confirmons notre présence avec l’accompagnement d’une douzaine d’entreprises qui constituent une vitrine des innovations de notre territoire régional », complète Guy Flament, directeur du Campus Cyber de Nouvelle-aquitaine installé à Pessac, près de Bordeaux, depuis 2021.
Les délégations étrangères sont également très nombreuses. « Nous sommes présents au FIC depuis neuf ans, lance Pascal Steichen, CEO de LHC (Luxembourg House of Cybersecurity), organisme installé à Luxembourg. Ce qui nous séduit, c’est cette harmonie qui existe depuis le début entre les acteurs publics et privés. Notre présence nous permet de suivre de près les évolutions du marché, tout en accompagnant une vingtaine d’entreprises qui viennent faire des affaires, ou, à tout le moins prendre des contacts ».
Et de poursuivre : « malgré sa petite taille, le Luxembourg abrite 320 entreprises qui proposent des services
dans le secteur de la cybersécurité, dont 80 totalement dédiées. Bien entendu, nous avons de nombreux clients et partenaires en France, à commencer par les régions frontalières comme le Grand Est ».
LES JOP, UN TEST JAMAIS CONNU JUSQU'À PRÉSENT
Mais le Forum Incyber, ce sont aussi des débats et des orateurs de très haut niveau. Le Commissaire européen Thierry Breton a une nouvelle fois fait le déplacement de Lille pour rappeler les mesures mises en place par L'UE pour « protéger son marché unique informationnel face aux menaces pesant sur le cyberespace ». Comme les directives NIS et #NIS2 « qui posent les bases d’une coopération accrue entre les États membres, qu’il s’agisse du secteur public ou privé ». Ou encore le #Cyberresilienceact en cours d'adoption, avec comme mots d'ordre « prévenir, détecter, décourager, contrer ».
Pour le Commissaire européen, « l’émergence de l’intelligence artificielle peut être un atout, car elle permet la détection de signaux très faibles, très en amont ». Même si pour Vincent Strubel, directeur de L'ANSSI, l'année 2024 s'annonce « comme une année particulière avec les Jeux Olympiques et paralympiques, qui représentent un test jamais connu sur notre cyber collective ». S'il se dit plutôt confiant sur la capacité à faire face, « du fait du travail collectif effectué en amont avec le Comité d’organisation @Paris2024 », il précise aussitôt « conscience n’est pas insouciance ! Nous serons prêts à réagir au plus vite ».
Propos complétés par le général Marc Watin-augouard, fondateur du FIC dans son introduction, pour qui « l’intelligence artificielle possède certaines qualités subjuguantes mais soulève aussi de nombreuses interrogations. Que nous réserve L’IA si imprévisible ? Une chose est
sûre : la cybersécurité doit être au service de L’IA, et L’IA doit être au service de la cybersécurité ».
À ce propos le général Jean-philippe Lecouffe, directeur exécutif adjoint des opérations chez Europol (NDLR : Agence internationale de L’UE installée à La Haye, qui combat la grande criminalité internationale, dont la cybercriminalité) est revenu sur l'opération d'envergure menée contre le groupe de hackers Lockbit, « opération rendue possible grâce à une collaboration internationale significative » qui a réuni les forces de L'UE, de la Grande-bretagne ou encore des États-unis.
« Nous observons un potentiel pour les criminels à développer L’IA. Mais elle offre également des possibilités pour assister les forces de l’ordre. Nous nous efforçons notamment de développer des outils pour détecter les deepfakes ». Ce combat là aussi est loin d'être terminé. //