Psychologies (France)

Suis-je une mauvaise mère ?

- HÉLOÏSE, DUNKERQUE

Ma fille entre cette année en sixième. Je supporte mal de la voir grandir aussi vite et, du coup, j’ai l’impression d’être une mauvaise mère. Est-ce que mes angoisses peuvent l’empêcher de grandir ?

Vous n’êtes pas une « mauvaise mère », Héloïse. Vous êtes une mère qui ose dire ce qu’elle ressent (ce qui demande beaucoup de courage). Et ce que vous ressentez est, contrairem­ent à ce que vous semblez croire, normal.

Voir son enfant grandir est di cile pour tous les parents, même s’ils le souhaitent et même s’ils font tout pour cela, parce que sa progressio­n les oblige à faire, à chaque étape, le deuil du type de rapports qu’ils avaient avec lui à l’étape précédente (et des plaisirs que ces rapports leur apportaien­t). L’enfant qui marche, par exemple, n’a plus besoin des bras qui, bébé, le portaient, et cette avancée oblige ses parents à renoncer à la tendresse de ce corps à corps avec lui„; et à trouver, pour exprimer leur amour, d’autres modalités. De plus, l’enfant acquiert en grandissan­t une autonomie de désir et de pensée qui le mènera, à l’adolescenc­e, à revendique­r le droit de décider de sa vie. Et il peut être inquiétant pour un parent de voir se dresser devant lui, à la place du « petit » qu’il pouvait guider, un « grand » qui entend aller où bon lui semble, et refuse désormais qu’on le protège.

Les angoisses de ses parents peuvent-elles être préjudicia­bles à l’enfant„? Elles peuvent l’être s’ils les ignorent, mais elles ne le sont pas quand ils en sont, comme vous, conscients. L’enfant qui sent ses parents au clair avec eux-mêmes peut, en e‹et, en cas de problème, s’autoriser à leur parler. Et, n’étant pas dupes d’eux-mêmes, ils sont à même de reconnaîtr­e la justesse de ce qu’il dit.

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