LE playBoy aRt stUDIo
Florent Mabilat naît en 1970 à Antibes. Enfant, il découvre l’arrière-pays varois et la Méditerranée où il fantasme les mondes aquatiques. il débute sa carrière avec des études de droit qu’il poursuit à New York avant d’exercer pendant dans l’audiovisuel. Dans le même temps, il pratique la musique, le théâtre et le dessin.
En 2012, lors d’un voyage dans les Pouilles, un ami lui recommande une ballade dans un champ d’oliviers millénaires. C’est là que tout bascule. Ces très vieux arbres semblent êtres façonnés d’argile malléable et de pellicule cinématographique, comme s’ils restituaient l’émanation des vies environnantes traversées par leurs âges. Ces corps chaotiques, confus, hybrides lui donnent accès à l’invisible. il est accaparé par la nécessité de retranscrire son expérience par l’image.
Mais la plongée dans cette expérience est interdite aux débutants : Mabilat lutte contre les démons du passé. Quand le vent ne souffle pas, il étudie les grands maîtres (Picasso, rouault, Matisse, Bacon, rembrandt, rothko, Giotto, Duchamp…). Bacon lui apprend, au travers d’entretiens avec David Sylvester, la maîtrise des outils techniques. Chu-Ta, cet autre maître, lui enseigne l’énergie qui se dégage d’un unique trait de pinceau. “Pour rire”, Mabilat brûle ses deux première toiles mais il affûte ses armes: torchons, chiffons et outils qu’il fabrique lui-même. Puisqu’“un tableau, c’est un être”, son axe de travail est l’échelle humaine.
Mabilat est reçu en résidences et participe à des expositions communes qui débouchent sur des solo shows. il orchestre aussi des performances autour de ses toiles, accompagné de danseurs, de musiciens et de comédiens. Aujourd’hui, ses oeuvres sont collectionnées en France à Dubaï et en Belgique. Patrick Skacha nous a quittés le 23 septembre dernier à Deauville. Ce joyeux contemporain était doué d’une finesse d’esprit qui lui octroyait le luxe d’être un artiste à la vie et un remarquable homme d’affaires à la ville. Fondateur de Magnificent, une agence de photographes qu’il avait créée dans ses jeunes années comme on monte un group punk, il signait régulièrement les campagnes des grandes marques du luxe et de la mode. il fut aussi l’homme derrière la couverture de l’album Discovery des Daft Punk avec son ami, le photographe Mitch Feinberg.
En témoin hyperactif des instants vécus, Skacha consignait quotidiennement des milliers de croquis au feutre dans ses carnets. Aux heures de la nuit favorables aux artistes, il découpait ses dessins pour les faire renaître dans un nouvel espace sous la forme de collages. Depuis les années 1970, son oeuvre, éternelle adolescente, s’imprègne des parfums de la mode, des arts et de la littérature. Des femmes féllinienes aux hommes artistes, des bons mots aux simples fleurs, l’insolite ingénieur consigne minutieusement l’atmosphère de nos glorieux passés.
Cette longue pratique, de l’ordre de l’ascèse, finira par porter ses fruits. En 2015, le collage La Vague Oh YEah intègre le musée des Art décoratifs de Paris. Puis, en 2016, à l’occasion de Art Basel Miami, Skacha expose à la Wynwood Gallery. En 2017, il voit une nouvelle oeuvre intégrée au musée des Art décoratifs, monte trois expositions solo – dont une au centre d’Art contemporain de Meudon… Enivré par cette reconnaissance, Skacha part à Deauville avec sa belle pour un déjeuner suivi d’une séance photo sur le sable. Quelques heures plus tard, il nous quittera, à l’improviste mais heureux.