Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Pourquoi La Capeline à Toudon a été fermée ?

Le restaurant labellisé cuisine niçoise situé à Toudon est sous le coup d’une fermeture administra­tive depuis le 17 juillet. Une histoire beaucoup moins simple qu’il n’y paraît.

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Ne faites pas attention, les sangliers sont venus dans la nuit, ils ont tout renversé », souffle Bruno. Las, il s’installe à l’ombre de l’un des immenses parasols noir et rouge, à une table de la terrasse du restaurant de son épouse, la cheffe autodidact­e Christelle. Des gens s’arrêtent. « C’est pour réserver ! », lance un habitué. « Non désolée, on est fermé », doit répondre « le patron ».

Le restaurant La Capeline à Toudon, labellisé « cuisine niçoise », est fermé administra­tivement depuis le 19 juillet, après un contrôle deux jours avant (lire par ailleurs). « On a fait quelques erreurs, c’est vrai » ,en convient Bruno. Mais l’affaire est, en fait, plus complexe qu’il n’y paraît.

Christelle, la cheffe autodidact­e

Le couple a racheté le fonds de commerce en 2014.

« On a inauguré en novembre », se souvient Bruno. Sa femme avait deux passions : le médical et la cuisine. Après une « première vie » en tant qu’aide soignante, poussée par la famille et les amis, elle décide de se lancer en cuisine. Hasard, La Capeline est en vente. Ça avait du sens, Bruno, 50 ans, et Christelle, 46 ans, sont de « là-haut ». Le père de Christelle, mort tragiqueme­nt dans un accident de chasse, est de Toudon.

Mille vies

Bruno a immédiatem­ent vu que le vieux bâtiment n’était pas en très bon état. « Je ne l’ai pas regardé avec les mêmes yeux qu’elle. Il y a eu, au fil des années, un manque d’entretien de la part du bailleur et du locataire », confie-t-il. Mais, peu importe, c’est un « coup de coeur », pour Christelle. Il faut dire que la constructi­on qui trouve sa place à l’ombre d’arbres touffus, au bord de la route de Roquestero­n, a eu mille vies et raconte une histoire : gare de tramway à sa constructi­on au début du XXE siècle, puis agence postale ou encore salle de classe pour le village. Le bâtiment ne deviendra restaurant qu’au début des années 1970 : Chez Tosi puis La Capeline, première du nom.

Du fait maison

Christelle et Bruno se lancent, après quelques travaux d’embellisse­ment, de rafraîchis­sement, de nettoyage, pendant un mois. « La première porte de frigo qu’on a ouverte est tombée» , rit Bruno. Il a fallu racheter un frigo… Une aventure un peu branlante, portée par le talent de

Christelle en cuisine. Le sommes en 2018. Des études bouche-à-oreille fonctionne. sont lancées par la

nd

Les gens viennent de loin Ville. pour se régaler à La Capeline. Février 2020, les études, Gnocchis, farcis, panbagnat, pourtant payées, ne sont daube de joue de pas concluante­s. Rebelote. boeuf à la niçoise, poche de Le nouvel hydrogéolo­gue veau farcie à la niçoise, etc. conclut qu’il y a un problème Le tout fait maison… de place pour la filière assainisse­ment. Le couple décide d’acheter le terrain mitoyen pour avoir la surface nécessaire aux travaux. « En revanche, on a demandé à la commune d’avoir des garanties : si les travaux d’assainisse­ment sont réalisés sur ce bout de terre, elle devait s’engager à nous vendre les murs de La Capeline », décrypte Bruno. Puis, vient le Covid, une nouvelle municipali­té,

Périple administra­tif

Puis, le couple a voulu acheter les murs, propriétés de la municipali­té. Véto de l’ancien maire qui ne voulait pas vendre un bien communal. Jusqu’à une sommation d’une riveraine pour réhabilite­r l’assainisse­ment. La mairie veut bien vendre, finalement. Nous les confinemen­ts…

Le calendrier des travaux fixé

Finalement, Bruno et Christelle signent en septembre 2023. « La précédente municipali­té devait payer les travaux et on achetait plus cher. La nouvelle a préféré nous vendre moins cher, mais à notre charge pour réaliser l’assainisse­ment », explique Bruno. Ils ont fini par accepter.

Les voilà propriétai­res de leur restaurant. Le couple établit un calendrier de travaux qui devait débuter en janvier 2024, à la fermeture annuelle de La Capeline. « Mais on a eu tous les deux de gros problèmes de santé », confie le mari de Christelle, sans s’appesantir. En raison du traitement de son épouse, Bruno est contraint de repousser les travaux. « Donc on avait prévu, cette fois l’assainisse­ment en septembre prochain, et les autres gros travaux à la fermeture en janvier 2025 », jure Bruno. « Et voilà, le 17 juillet on a vu débarquer les services de la préfecture avec trois gendarmes pour le contrôle. Ils nous ont notifié la fermeture le 19 juillet », soupire-t-il.

« On a compris immédiatem­ent qu’ils nous feraient fermer », dit-il encore. Pourtant, en mars, ils avaient eu un premier contrôle. «Ce jour-là, pourtant ce n’était pas quelqu’un de complaisan­t qui est venu, il venait de faire fermer un autre établissem­ent dans le coin. Il nous a fait des remarques, il n’a préconisé aucune fermeture. On lui a fourni le calendrier des travaux, en lui précisant que s’ils avaient été repoussés au départ c’était avant tout parce que la vente a pris un temps fou et ensuite pour des problèmes de santé. Il n’y voyait aucun inconvénie­nt », argumente l’époux de la cheffe de cuisine.

La Capeline embauchait 6 personnes, et « deux autres étaient en cours de recrutemen­t ».

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(Photos SG) Bruno devant son restaurant fermé après un contrôle le 19 juillet dernier.

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