Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Pourquoi La Capeline à Toudon a été fermée ?
Le restaurant labellisé cuisine niçoise situé à Toudon est sous le coup d’une fermeture administrative depuis le 17 juillet. Une histoire beaucoup moins simple qu’il n’y paraît.
Ne faites pas attention, les sangliers sont venus dans la nuit, ils ont tout renversé », souffle Bruno. Las, il s’installe à l’ombre de l’un des immenses parasols noir et rouge, à une table de la terrasse du restaurant de son épouse, la cheffe autodidacte Christelle. Des gens s’arrêtent. « C’est pour réserver ! », lance un habitué. « Non désolée, on est fermé », doit répondre « le patron ».
Le restaurant La Capeline à Toudon, labellisé « cuisine niçoise », est fermé administrativement depuis le 19 juillet, après un contrôle deux jours avant (lire par ailleurs). « On a fait quelques erreurs, c’est vrai » ,en convient Bruno. Mais l’affaire est, en fait, plus complexe qu’il n’y paraît.
Christelle, la cheffe autodidacte
Le couple a racheté le fonds de commerce en 2014.
« On a inauguré en novembre », se souvient Bruno. Sa femme avait deux passions : le médical et la cuisine. Après une « première vie » en tant qu’aide soignante, poussée par la famille et les amis, elle décide de se lancer en cuisine. Hasard, La Capeline est en vente. Ça avait du sens, Bruno, 50 ans, et Christelle, 46 ans, sont de « là-haut ». Le père de Christelle, mort tragiquement dans un accident de chasse, est de Toudon.
Mille vies
Bruno a immédiatement vu que le vieux bâtiment n’était pas en très bon état. « Je ne l’ai pas regardé avec les mêmes yeux qu’elle. Il y a eu, au fil des années, un manque d’entretien de la part du bailleur et du locataire », confie-t-il. Mais, peu importe, c’est un « coup de coeur », pour Christelle. Il faut dire que la construction qui trouve sa place à l’ombre d’arbres touffus, au bord de la route de Roquesteron, a eu mille vies et raconte une histoire : gare de tramway à sa construction au début du XXE siècle, puis agence postale ou encore salle de classe pour le village. Le bâtiment ne deviendra restaurant qu’au début des années 1970 : Chez Tosi puis La Capeline, première du nom.
Du fait maison
Christelle et Bruno se lancent, après quelques travaux d’embellissement, de rafraîchissement, de nettoyage, pendant un mois. « La première porte de frigo qu’on a ouverte est tombée» , rit Bruno. Il a fallu racheter un frigo… Une aventure un peu branlante, portée par le talent de
Christelle en cuisine. Le sommes en 2018. Des études bouche-à-oreille fonctionne. sont lancées par la
nd
Les gens viennent de loin Ville. pour se régaler à La Capeline. Février 2020, les études, Gnocchis, farcis, panbagnat, pourtant payées, ne sont daube de joue de pas concluantes. Rebelote. boeuf à la niçoise, poche de Le nouvel hydrogéologue veau farcie à la niçoise, etc. conclut qu’il y a un problème Le tout fait maison… de place pour la filière assainissement. Le couple décide d’acheter le terrain mitoyen pour avoir la surface nécessaire aux travaux. « En revanche, on a demandé à la commune d’avoir des garanties : si les travaux d’assainissement sont réalisés sur ce bout de terre, elle devait s’engager à nous vendre les murs de La Capeline », décrypte Bruno. Puis, vient le Covid, une nouvelle municipalité,
Périple administratif
Puis, le couple a voulu acheter les murs, propriétés de la municipalité. Véto de l’ancien maire qui ne voulait pas vendre un bien communal. Jusqu’à une sommation d’une riveraine pour réhabiliter l’assainissement. La mairie veut bien vendre, finalement. Nous les confinements…
Le calendrier des travaux fixé
Finalement, Bruno et Christelle signent en septembre 2023. « La précédente municipalité devait payer les travaux et on achetait plus cher. La nouvelle a préféré nous vendre moins cher, mais à notre charge pour réaliser l’assainissement », explique Bruno. Ils ont fini par accepter.
Les voilà propriétaires de leur restaurant. Le couple établit un calendrier de travaux qui devait débuter en janvier 2024, à la fermeture annuelle de La Capeline. « Mais on a eu tous les deux de gros problèmes de santé », confie le mari de Christelle, sans s’appesantir. En raison du traitement de son épouse, Bruno est contraint de repousser les travaux. « Donc on avait prévu, cette fois l’assainissement en septembre prochain, et les autres gros travaux à la fermeture en janvier 2025 », jure Bruno. « Et voilà, le 17 juillet on a vu débarquer les services de la préfecture avec trois gendarmes pour le contrôle. Ils nous ont notifié la fermeture le 19 juillet », soupire-t-il.
« On a compris immédiatement qu’ils nous feraient fermer », dit-il encore. Pourtant, en mars, ils avaient eu un premier contrôle. «Ce jour-là, pourtant ce n’était pas quelqu’un de complaisant qui est venu, il venait de faire fermer un autre établissement dans le coin. Il nous a fait des remarques, il n’a préconisé aucune fermeture. On lui a fourni le calendrier des travaux, en lui précisant que s’ils avaient été repoussés au départ c’était avant tout parce que la vente a pris un temps fou et ensuite pour des problèmes de santé. Il n’y voyait aucun inconvénient », argumente l’époux de la cheffe de cuisine.
La Capeline embauchait 6 personnes, et « deux autres étaient en cours de recrutement ».