Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Ils s’opposent aux mineurs en insertion chez eux

Des riverains du boulevard Tzarewitch, dans le quartier Gambetta, s’opposent à l’installati­on d’une structure pour l’insertion de mineurs suivis par la justice. Ils sont pourtant très encadrés.

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Dans le quartier Gambetta, à Nice, des dizaines de riverains s’opposent, mais ils ne savent pas exactement à quoi. Une certitude, ils n’en veulent pas !

À la manoeuvre, le président du comité de quartier parc impérial, Eric Fouzari. Il a mobilisé, avant-hier soir, des riverains autour du 36, boulevard Tzarewitch « contre l’installati­on d’une structure d’accueil du ministère de la justice », au sein de cet immeuble cossu.

Au menu, une pétition, beaucoup de rumeurs. Seule certitude, ce sont des mineurs suivis par la justice. « Cette structure ne correspond pas au cahier des charges de la copropriét­é », avance Eric Fouzari, qui assure que tout ceci n’a rien à voir avec une quelconque forme d’intoléranc­e ou de racisme. Pourraient-ils alors s’installer ailleurs dans le quartier ? « Non, il faut que ce soit plus adapté. Ce sont quand même des gens qui sont en réinsertio­n, des gens avec un casier judiciaire. Qui dit qu’ils ne ramèneront pas les copains aux pieds des immeubles ? »

«Des délinquant­s sous nos fenêtres »

Plusieurs dizaines de personnes sont présentes ce

soir-là. Et les raccourcis s’enflamment. Sur « ces messieurs qui arrivent par bateau» . Cette structure que certains disent déjà installée, d’autres pas encore installée, serait, pour les riverains, gérée par « une associatio­n de malfaiteur­s ».

« Je ne veux pas des délinquant­s sous nos fenêtres, se justifie une habitante. Et j’ai déjà eu des agressions verbales. On est “voisins vigilants”,

j’ai vu un groupuscul­e de gens, je leur ai demandé ce qu’ils faisaient là, ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas de comptes à me rendre et m’ont dit de dégager ».

« Pas plus de dix jeunes en même temps »

Natacha Himelfarb est directrice territoria­le de la protection judiciaire de la

jeunesse (PJJ) des Alpesmarit­imes et donc responsabl­e de cette structure. Elle explique qu’un bail a été signé le 1er juillet pour y installer une Unité éducatrice d’activité de jour (UEAJ). Il s’agira d’une « maison mère », où il n’y aura «pas plus de dix jeunes en même temps » qui y feront des ateliers scolaires ou de citoyennet­é. D’autres volets, comme l’insertion profession­nelle,

se faisant sur d’autres sites.

« Ce sont vraiment des mineurs très encadrés par de nombreux profession­nels, avec un emploi du temps extrêmemen­t précis, ajoute la directrice. Ils ne sont jamais livrés à eux-mêmes, ne mangent même pas sur place. Ce sont des gamins qui ont commis des actes délictueux, mais ce sont loin d’être les pires. Ils ont essentiell­ement un problème avec la scolarité. Le parcours doit les insérer dans l’emploi ou les faire accéder à des formations de droit commun ».

« Les riverains ont été tellement véhéments »

Et puis, il y a « le contexte »,

dans lequel la structure a commencé à s’installer. Comme si tout était joué d’avance. Deux réunions ont eu lieu, déjà. «Le 12 juillet, on s’est déplacé pour répondre aux interrogat­ions légitimes des riverains, détaille Natacha Himelfarb. Et ils ont été tellement véhéments que les infos n’ont pas pu être données. Les collègues se sont retrouvés face à 30 personnes et une caméra. C’est impossible de communique­r dans ces conditions. Et pourtant, on veut privilégie­r le dialogue, que tout le monde soit rassuré. »

Comme cette « agression »,

qui aurait eu lieu lors d’un jour de déménageme­nt où les adolescent­s sont venus aider.

« Des riverains ont invectivé l’éducatrice et les mineurs »,

selon la directrice. Elle continue de croire au dialogue. Reste à savoir si les uns et les autres sont prêts à s’écouter et à accepter la différence.

 ?? (Photo A. L.) ?? Des riverains du comité de quartier s’opposent à l’installati­on d’une structure qui n’accueiller­ait pourtant qu’une dizaine de jeunes « très encadrés ».
(Photo A. L.) Des riverains du comité de quartier s’opposent à l’installati­on d’une structure qui n’accueiller­ait pourtant qu’une dizaine de jeunes « très encadrés ».

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