Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

53 capotes pour réaliser cette sculpture sur le VIH

« Le VIH est toujours présent », c’est le nom de cette oeuvre réalisée par Nivese Oscari. L’artiste a inauguré sa production à l’hôpital l’archet. Objectif : sensibilis­er autour de la maladie.

- THIERRY MAÏZ

Dans le hall de l’hôpital l’archet, Nivese Oscari soulève le drap qui recouvre sa sculpture constituée de 53 préservati­fs en céramique. En présence d’élus de la municipali­té, de personnels soignants et de quelques proches, l’artiste fait don de cette réalisatio­n au CHU. Objectif : sensibilis­er sur le VIH.

Pour le Dr Hervé Cael, délégué à la Santé de la Ville de Nice : « Il est important d’amener l’art en dehors des musées. Cela permet de discuter d’autres choses que de l’hôpital, source d’angoisses ».

À travers cette oeuvre, Nivese Oscari rend hommage à ses amis décédés du Sida : « Ça m’a tellement bouleversé­e. Je voulais agir pour sensibilis­er les autres », martèle la Niçoise qui a commencé l’art contempora­in à 28 ans. Elle est la seule femme de l’école de Nice, un courant artistique à la croisée de plusieurs mouvements comme le Nouveau réalisme, Fluxus, Supports/surfaces...

« On a peu de temps pour agir »

L’épidémie du VIH a commencé dans les années 1980. Aujourd’hui, s’il n’existe pas encore de traitement­s curatifs, des médicament­s

L’artiste Nivese Oscari (3e à gauche) était au CHU de Nice le jeudi 30 mai pour l’inaugurati­on de son oeuvre « Le VIH est toujours présent ».

permettent aux personnes séropositi­ves de stopper la progressio­n du virus dans l’organisme s’il est diagnostiq­ué suffisamme­nt tôt. Les personnes infectées ne sont alors plus contagieus­es et peuvent avoir « une vie normale et même des rapports sexuels nonprotégé­s », rappelle le Dr Hervé Cael.

Avec cette sculpture, Nivese Oscari cherche à « rappeler la réalité de cette épidémie », et interpelle­r

les jeunes sur l’importance de se faire dépister : « On a peu de temps pour agir, on n’est pas là pour juger les gens. La trithérapi­e peut vous sauver la vie. »

Ce traitement combine en une seule prise médicament­euse les actions de trois inhibiteur­s de la multiplica­tion virale. La sculptrice s’est amusé sur la mise en scène de ces 53 préservati­fs en porcelaine : « Certaines capotes sont déguisées... l’une d’entre

elles est à l’effigie de Pinocchio. Je pense que si les produits contracept­ifs étaient plus drôles, ça donnerait envie aux jeunes de les mettre », sourit l’artiste de 80 ans. Originaire de Croatie, Nivese Oscari a déjà réalisé plus de 500 oeuvres. Cette sculpture qui aura demandé un an de travail sera visible par le public dans le hall de l’hôpital l’archet 1 très prochainem­ent.

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(Photo T.M.)

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