Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Comment pourrionsnous ne pas continuer ? »
Le centre communautaire du 8 Baquis est une expérimentation. Mais face aux bons résultats, le Département s’engage à maintenir son existence et à encourager son développement.
C’est avec une once de fébrilité qu’il a posé la question. Au pupitre, de manière très officielle, le président du centre LGBTQIA + Côte d’azur, Loïc Jourdan, qui a créé le 8 Baquis, fin 2021, avec le soutien du conseil départemental, s’est adressé à Éric Ciotti, président de la commission des Finances : « Que faisons-nous, ensemble, afin de pérenniser ce centre de santé communautaire audelà du 31 décembre ? » La réponse ne s’est pas fait attendre, sous forme d’une question rhétorique : « Comment pourrions-nous ne pas continuer dans une démarche aussi performante, utile et efficace ? »
En clair : le 8 Baquis va demeurer. Éric Ciotti s’est engagé avec conviction car le Département est le principal financeur et c’est lui qui a accueilli le dispositif au sein même de ses locaux du Cegidd (Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic), du 8 avenue Baquis. Voilà donc pour le nom de la structure.
« Quel que soit l’engagement des autres partenaires, le conseil départemental fera en sorte que, non seulement, le centre perdure mais aussi se développe. Pour assurer une plus grande protection des individus les plus exposés qui trouvent ici un accueil qui ne juge pas, qui sécurise, qui offre des droits. C’est une politique au coeur de nos engagements. »
Favoriser l’accès au soin des personnes trans
Pourquoi ce 8 Baquis fonctionne aussi bien ? Tout simplement parce qu’il vient combler un besoin. « Les personnes LGBT, particulièrement les transsexuelles, sont souvent éloignées du soin. Parce qu’elles ont vécu des expériences désagréables, parce qu’elles ne trouvent pas d’interlocuteur avec qui elles se sentent à l’aise, résume le coordinateur du centre LGBTQIA + Côte d’azur, Erwann Le Hô. Ici, nous avons des médecins généralistes qui peuvent assurer le suivi gynécologique et la prise en charge de la transidentité. Ils ont l’habitude des problématiques qui peuvent se poser, connaissent les traitements hormonaux et sont à même d’accompagner ces patients. De plus, il s’agit d’un public particulièrement exposé aux risques, il est donc fondamental de le remettre dans le soin. »
« Citée en exemple »
« Le 8 Baquis est un espace de santé sexuelle inédit en France, poursuit Loïc Jourdan. Il reçoit tous les vendredis de 11 à 21 heures dans le respect des principes de l’anonymat, la gratuité et l’inconditionnalité. Nous avons fait venir les personnes le plus éloignées du soin. C’est un succès en termes de fréquentation (1 092 individus suivis en 2023), de ciblage. Cette expérimentation
nd est citée en exemple
dans des congrès, encore dernièrement dans celui de la Société française de lutte contre le sida. » Autant d’arguments salués par Éric Ciotti, convaincu par la nécessité de poursuivre ce travail aux côtés du Cegidd. Il n’a pas manqué de féliciter l’exemple que le 8 Baquis constitue, appelant de ses voeux qu’il fasse école.