Midi Olympique

« Une carrière, ce n’est pas tout rose »

GAUTIER GIBOUIN - Flanker À 36 ANS, IL VA ENTAMER SA DERNIÈRE DANSE DANS SON CLUB DE COEUR. UNE CARRIÈRE REMPLIE DE BEAUX MOMENTS MAIS AUSSI DE PÉRIODES DE DOUTES. POUR CETTE RAISON, IL SAVOURE ENCORE DAVANTAGE CETTE FIN DE CARRIÈRE DANS SON COCON.

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Ce sera votre dernière saison. Y a-t-il une ou des raisons particuliè­res à ce choix ?

Si je m’écoutais, je continuera­is jusqu’à 45 ans ! Parce que j’adore le jeu et je suis super bien au club. D’en partir sera un déchiremen­t mais c’est davantage par rapport aux blessures. Comme tout rugbyman, j’ai eu beaucoup de fractures, beaucoup d’opérations. La saison passée, c’était une double fracture de la mâ- choire. Pendant quinze jours, mon fils ne compre- nait pas ce que je disais, c’était un peu particulie­r. C’est plus par rapport à ma famille que je veux me mettre en retrait, me préserver un peu et laisser la place aux jeunes. Mais ça me fait arrêter à 36 ans quand même. Je m’estime heureux, j’en aurais bien profité, j’ai eu de la chance d’en arriver.

Qu’est-ce que ce statut de capitaine vous a apporté ? Et qui pour vous succéder ?

Ça n’a jamais été une corvée d’être le capitaine de Soyaux-Angoulême parce que les joueurs sont super, à l’écoute et t’aident toujours. Je suis entouré par un groupe de leaders aussi qui m’aident, qui ont chacun leurs attributio­ns et qui font les choses à merveille. Dans les joueurs potentiels pour le devenir, je pense que Germain Burgaud et Patxi Bidart peuvent y prétendre. Voilà, ceux que je crois les plus à même de remplir ce rôle. Ils sont exemplaire­s dans leurs intentions tous les week-ends, ils s’envoient comme des malades et en plus, ce sont des super mecs, donc je pense qu’ils ont les atouts pour le faire.

Quand il sera temps de se retourner sur cette carrière, qu’en retiendrez-vous ?

Il y a des moments merveilleu­x mais il y a quand même beaucoup de moments aussi très difficiles qui m’ont marqué et qui m’ont aidé aussi à me construire en tant que joueur, mais aussi en tant qu’homme. Il y a des saisons entières où tu es blessé ou alors où ça ne se passe pas avec un entraîneur et où tu ne joues pas. C’est pour ça aussi que j’ai la chance de terminer ma carrière dans un club où je m’épanouis, où je suis bien et où on me fait confiance. Je le savoure d’autant plus. Mais voilà, une carrière, si je devais parler à un jeune, ce n’est pas que ce qu’on voit à la télé. Il y a beaucoup de moments de doute et des moments très compliqués à gérer aussi.

Comme par exemple ?

Tu prends un mec comme Gabriel Lacroix, qui est arrivé, qui a tout explosé avec la Rochelle, qui était pris en équipe de France. Derrière, il s’est flingué un genou, il a été arrêté trois ans, il n’a jamais pu reprendre. Et puis des histoires comme ça, il y en a mille autour de nous. Quand il y a eu des changement­s d’entraîneur à Montauban, à Nevers, je me suis retrouvé à ne plus faire un match alors que l’année d’avant je jouais souvent. Mais ce n’est pas que mon cas personnel. Si tu regardes 95 % des joueurs, leur carrière se passe comme ça. Ce n’est pas tout rose non plus. Quand on va visiter des écoles de rugby, voir des jeunes, le rugby profession­nel les fait souvent rêver et c’est génial. Mais c’est aussi important de se rendre compte des implicatio­ns et que ce n’est pas toujours évident.

Vous en retiendrez aussi certaineme­nt du positif…

Bien sûr ! Même si c’est très difficile, je ne changerai pour rien au monde. Je suis super content de la carrière que j’ai faite. Je suis heureux d’avoir joué au rugby, malgré les blessures que j’ai pu avoir, malgré les moments difficiles. Je ne veux démoralise­r personne mais c’est important de savoir aussi qu’il y a quand même des côtés difficiles. Propos recueillis par

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T. F.

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