Midi Olympique

« Je n’ai aucun problème à partager le leadership »

FABIEN GENGENBACH­ER (DIRECTEUR SPORTIF) CONSCIENT DU CÔTÉ ATYPIQUE DE SON « DUO » AVEC JONO GIBBES, IL ASSUME SON CHOIX AVEC CONVICTION, PERSUADÉ QUE LES MÉTHODES QUI FONCTIONNE­NT DANS D’AUTRES CORPS DE TRAVAIL PEUVENT SE TRANSPOSER AU RUGBY.

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Qu’est-ce qui vous a poussé, durant l’intersaiso­n, à réclamer l’arrivée d’un nouvel entraîneur pour vous accompagne­r ?

Après une première année en poste, mon diagnos- tic était forcément un peu différent de celui que j’ai réalisé à mon arrivée. Je rappelle ici que la seule arrivée au sein du staff a été celle d’Arnaud Héguy. Pour tous les autres membres du staff, il a fallu qu’on apprenne à se connaître. Nous sommes un staff jeune, qui s’est soudé dans des moments parfois difficiles, et il fallait à mon sens y greffer quelqu’un d’expériment­é mais qui accepte pour autant de tra- vailler avec moi ainsi qu’avec les gens en place. Ce qui était loin d’être évident…

Votre choix s’est porté sur Jono Gibbes, qui ne sera aux côtés de l’équipe que sur trois périodes de cinq semaines et sera le reste du temps en relation avec vous par visio de- puis la Nouvelle-Zélande. Un fonctionne­ment qui peut paraître surprenant…

Tout le monde dit que je suis atypique, mais l’orga- nisation que j’ai voulue n’a rien d’atypique ni de ré- volutionna­ire, il s’agissait juste d’aller chercher des compétence­s pour nous accompagne­r. J’ai audité de nombreux profils et celui de Jono Gibbes me semblait être le meilleur, même dans les conditions que vous décrivez. Il y a plein de corps de métiers où cette manière de travailler fonctionne parfaiteme­nt, pourquoi pas le rugby ? Vous savez, le groupe de joueurs et le staff du Lou, c’est 77 personnes. Si certains pensent qu’une organisati­on pyramidale est la seule manière de faire fonctionne­r une telle société, moi, j’ai d’autres conviction­s. On est dans une autre ère, et je n’ai aucun problème à partager le leadership.

Comment s’est passé votre premier contact ?

On a passé la semaine à définir les grandes lignes de notre plan de jeu, et Jono a été dans une posture d’accompagne­ment, il n’est pas là pour tout casser. En revanche, il a mis le doigt sur des choses qui peuvent paraître évidentes mais qu’on ne voit pas forcément quand on a le nez dans le guidon.

Excellent en attaque, le Lou est depuis quelques saisons faible en défense. Le premier chantier de Gibbes sera-t-il de vous aider à trouver un meilleur équilibre ?

Il n’y a pas 150 systèmes défensifs, les repères de circulatio­n sont plus ou moins les mêmes un peu partout. En revanche, on doit trouver un meilleur équilibre entre notre jeu offensif et l’occupation. La saison dernière, nous étions les derniers du Top 14 en termes de possession et d’occupation et même si ces deux indicateur­s ne sont pas les seuls dans un match, il y avait forcément des choses à rectifier. Cette semaine, on s’est rendu compte que nous étions dans les trois meilleures défenses du Top 14 sur quatre temps de jeu, et la pire ensuite. À partir de ce constat, il faut se poser des questions : s’agissait-il d’un problème d’approche physique ? D’état d’esprit ? Au vu des performanc­es que nous avons été capables d’effectuer à domicile, je ne crois pas, et c’est pour cela que travailler sur une meilleure alternance sera très important.

Quid du leadership, sur le terrain un des points noirs de la dernière saison ?

Au début de la saison dernière, en quinze jours, on a perdu Jean-Marc Doussain, qui était à la fois un leader de jeu et de vestiaires, et Toby Arnold, le modèle de ce que doit être un joueur profession­nel au Lou. Forcément qu’on l’a payé en termes de leadership… C’est pourquoi, au-delà des compétence­s sportives, on a surtout recherché dans notre recrutemen­t des joueurs de caractère, avec du leadership. J’ai lu pas mal de choses au sujet de notre recrutemen­t, pas mal de gens ont manqué de respect à mes joueurs et j’espère qu’ils répondront sur le terrain. Propos recueillis par N. Z.

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