Bordeaux double la mise
DERRIÈRE AU SCORE AVANT L’HEURE DE JEU ET BOUSCULÉS PAR DES AUVERGNATES QUI ONT JOUÉ CRÂNEMENT LEUR CHANCE, LES BORDELAISES ONT FINI EN TROMBE POUR S’OFFRIR UN DOUBLÉ.
Avant le match, Fabrice Ribeyrolles avait deux souhaits : être digne du statut d’ambassadeur du rugby féminin devant les caméras et décrocher le bouclier bien sûr.
S’il est reparti bredouille en Auvergne, le manager de Romagnat n’a pas à rougir de la prestation de ses joueuses face aux Bordelaises. Pendant une heure, elles ont tenu la dragée haute aux championnes en titre au terme d’un match de haut niveau. Si l’on ne faisait pas que compter les points mais qu’on attribuait aussi une note artistique, Romagnat mériterait mieux qu’une mention, grâce à deux essais inscrits au bout de deux séquences interminables. Avant que Lina Tuy délivre une merveille de passe au pied pour son ailière, Losa Fiafialoto (31e), ses coéquipières avaient tenu le ballon près de trois minutes. Rebelote en début de deuxième période. L’essai inscrit en force par Morgane Shelford (49e), après une pénalité jouée à la main devant la ligne, intervenait après une longue séquence mettant à mal la défense des championnes en titre.
« Les séquences interminables en attaque usent la défense, mais aussi l’attaquant, rappelait le coach girondin François Ratier. Et Clermont est gros, dur à faire tomber. Quand tu prends tout dans la gueule, tu finis par tomber. »
Mais les Bordelaises n’ont finalement craqué que deux fois. Malgré une utilisation plus que parcimonieuse de leur banc (trois changements seulement avant la 78e minute), elles ont, au contraire, fini par faire céder leur adversaire, avec Lina Tuy en héroïne malheureuse. Surprise de voir son adversaire ne pas trouver la penaltouche, l’ouvreuse laissait rebondir le ballon, espérant le voir filer en ballon mort. Mais il finissait finalement en touche. Sur le lancer suivant, Agathe Sochat marquait en force et Bordeaux prenait définitivement le score (20-17. 60e). Les fulgurances en attaque des Clermontoises ont été contrebalancées par des scories trop nombreuses, comme cette chandelle non récupérée, qui aboutit au premier essai adverse en contre (17e), ce coup d’envoi envoyé en touche (41e) ou plusieurs pénalités évitables. La bonne couverture du terrain des Bordelaises a également permis de ne pas souffrir de la longueur du jeu au pied de Jessy Trémoulière.
QUATRIÈME TITRE
« On s’y attendait un peu, souriait François Ratier. On s’est fait bousculer. Elles sont plus denses que nous. Leur centre a cabossé le centre du terrain. Bordel, c’est une belle équipe ! Cela aurait pu basculer… »
Au contraire, les Bordelaises ajoutaient deux essais par l’arrière Morgane Bourgeois, puis Justine Pelletier, pour un essai de demi de mêlée après une feinte de passe, pour décrocher le titre au terme d’une saison à une seule défaite, lors d’un match qui comptait pour du beurre… La capitaine Agathe Sochat pouvait savourer son quatrième titre.
« C’est à la fois la même émotion, et c’est différent, souriaitelle. Je ne me rends pas compte. L’an dernier, on va chercher le titre à la toute fin du match. Ce soir, c’est un peu plus maîtrisé. Je ne me rends pas compte mais demain je vais savourer et ce sera énorme. »
Ce qui est aussi énorme est que, malgré sa volonté de savourer, et son sourire jusqu’aux oreilles, François Ratier trouvait à redire sur la performance de son équipe. « Nous nous en sommes sortis sur d’autres plans, mais, comme contre Blagnac en demifinale, nous n’avons pas été bons dans la gestion du match. C’est un axe de progression pour la saison prochaine, gérer les temps forts et les temps faibles. » Ça promet…