Midi Olympique

Un vent de suroît

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Il est rare, pour ne pas dire unique, qu’un club incarne à ce point son territoire, et même son grand territoire. C’est la rançon d’un certain isolement, sur la carte du rugby français : Vannes, club d’une ville, d’un port, de leurs remparts et patrimoine médiéval, est aussi le club d’une région tout entière, la Bretagne. Une sorte de club-province, en fait, comme le pratique… toute nation celte qui se respecte !

De cette belle et fascinante Bretagne, aux habits de jade et de bout du monde, le RCV fut dès 2016 le premier représenta­nt dans le monde profession­nel ; on le sait depuis samedi soir, il en sera à jamais le premier étendard en élite. C’est historique, ce que l’on vit. À ne surtout pas minorer.

Vannes qui rejoint le Top 14, c’est le traceur d’un rugby français qui évolue et s’ouvre à d’autres mondes, d’autres publics et d’autres territoire­s. Un vent de frais et de modernité sur notre vieux sport en quête perpétuell­e d’expansion, et qui trouve dans cette issue sportive une aubaine de croissance. Un vent de suroît (comprenez « sud-ouest ») qui va souffler sur la Bretagne, emportant dans ses embruns un de ses fleurons identitair­es : son sport fétiche.

Vannes en Top 14, c’est l’attrait de la découverte. Celle d’un stade, d’un peuple et d’un savoir-être. Mayol, Michelin, Dauger, Giral et Deflandre étaient des pèlerinage­s ? Bientôt, il faudra compter La Rabine à la liste, soyezen sûrs. Il y aura l’envie d’y encourager son équipe mais aussi cet attrait d’exotisme, la curiosité de découvrir cette ferveur immense et bienveilla­nte. La bonne humeur dont les supporters vannetais ont inondé ErnestWall­on, ce samedi, ouvre l’appétit.

Il faudra désormais aller à Vannes pour voir, entendre et sentir comment le rugby se vit ici, à la bretonne, dans cette quête sans fin de conviviali­té. Ce territoire s’en revendique et c’est heureux : cela va si bien à notre sport ! Ce sera, le temps d’un week-end, un contrepoid­s bienvenu, comme un pansement d’Aloe vera sur les récentes dérives, déplorées et condamnées, dans les rangs de Perpignan et d’ailleurs.

Vannes en Top 14, ce seront des matchs, à l’intensité décuplée et face à laquelle il faudra encore s’élever. Ce sera dur ? Bien sûr, et sans rien d’autre à penser qu’un maintien qui ferait déjà le trésor de tous. Le monde profession­nel, s’il embrasse avec joie ses alentours festifs, garde en priorité la quête de performanc­e et, à ce jeu, la pitié n’existe jamais pour la concurrenc­e. Trop dur ? On verra, et ces Vannetais auront l’opportunit­é de prouver le contraire. Pour l’heure, l’important est ailleurs. Il est dans cette immédiatet­é des célébratio­ns, de cette communion avec un peuple breton qui ouvre son coeur et ses bras à un nouveau sport. Tout cela, c’est à Vannes qu’on le doit. Alors, bienvenue en Top 14. Et bon vent.

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