Maison Côté Ouest

TERRE D’ARTISTES

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On peut aussi suivre la route des forti cations, près de 150 ouvrages sur Crozon, la plupart érigés sous Louis XIV, lorsque Brest devint un important arsenal. Vauban fut alors chargé de la stratégie de défense et ordonna la constructi­on de nombreux ouvrages, dont la fameuse tour qui porte son nom, à Camaret-sur-Mer. Les sites les plus remarquabl­es se trouvent sur la pointe des Espagnols, qui donne sur le goulet. À la pointe de Pen-Hir, on contemple avec fascinatio­n l’à-pic vertigineu­x des falaises, la coloration des rochers et la violence des lames qui se brisent sur les récifs. Pour Agathe, la créatrice de la marque de bijoux Almeria, « Crozon est rude, très venteuse, quasi une île! Mais on s’y croirait aussi dans les calanques, avec ses falaises garnies de pins maritimes, la mer bleue transparen­te, les thons rouges et dauphins qui rentrent dans la baie ! » Ici, peu d’hôtels mais beaucoup de gîtes et de chambres d’hôtes. C’est Armand Peugeot qui a ouvert le Grand Hôtel de la Mer dans les années 1910, fait venir les architecte­s Abel et

Gaston Chabal qui ont imaginé de belles villas cossues face à la mer – ne pas manquer la villa Ker ar Bruck, toute en panneaux de métal ! – et fait de Morgat une station balnéaire, un peu mondaine mais pas trop. « C’est le film Le Mystère Henri Pick, tourné dans ces lieux d’après l’oeuvre de David Foenkinos, qui m’a attiré ici, confesse Mathilde, l’une des charmantes pâtissière­s de l’institutio­n Thé à l’Ouest. J’étais époustoufl­ée qu’il puisse y avoir de tels décors en Bretagne. » L’écrivain aime plus que tout cette région sauvage et poétique, où il a tant de souvenirs de jeunesse. C’est cette « puissance de la nature » qui a dé™nitivement conduit Corinne et David, les créateurs de la belle boutique de décoration La Cabane Crozon, à quitter la région parisienne pour s’établir sur l’île. Le céramiste Étienne Mauroy, installé au Fret et qui donne des cours aux Thérébinth­es, parle de l’influence des éléments sur son travail – « n’oublions pas que nous tournons des „uides ! » – et voudrait récolter des minéraux. « J’ai un projet d’émaux à partir de fougères et de salicorne », explique-t-il. Comme Mathurin Méheut, qui a laissé des toiles sur les murs de l’hôtel de la Plage, acheté en 1924 par l’arrière-grand-mère de l’actuelle propriétai­re, Charlotte Le CozNoël, nous sommes sur une terre de peintres. C’est à Camaret que sont passés tous les artistes de Pont-Aven. Paul Sérusier, Charles Filiger, Charles Cottet et Jim Sévellec ont posé leurs valises et représenté la petite cité maritime sur leurs toiles. À la ™n des années 1800, Eugène Boudin y a régulièrem­ent séjourné, y peignant la lumière du port. Aujourd’hui, la cité des artistes abrite de nombreux talents, dont les céramistes Tania Shkurenko et Julie Loaëc qui exposent leurs oeuvres dans d’anciennes conserveri­es. Réfugiée de son Ukraine natale, Tania est fascinée par les arts décoratifs bretons et a imaginé des vases exposés au musée de la faïence de Quimper. Au Fret, on est ébahi par un duo magique d’artistes père-™lle, Philippe et Anna Vandenberg­he. Crozon au diapason.

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