Libération

De Ruffin à Hollande, six scrutins à suivre à gauche

Plusieurs figures du Nouveau Front populaire sont en ballottage dimanche. Issus des différents partis qui composent le mouvement unitaire, ils livrent un combat difficile face à des candidats du Rassemblem­ent national.

- PAR DAMIEN DOLE, NOA JACQUET, SACHA NELKEN ET COPPÉLIA PICCOLO

Ils sont près de 280 candidats aux couleurs du Nouveau Front populaire à concourir au second tour des élections législativ­es dimanche. Et si un certain nombre, du fait des désistemen­ts opérés notamment par des candidats Ensemble (majorité sortante), sont à peu près assurés d’être élus ou réélus, pour d’autres, le défi est autrement plus corsé. Il est aussi particuliè­rement crucial dans des situations où le RN est en position de conquérir une nouvelle circonscri­ption, parfois au détriment de la gauche. En voici six exemples, avec un ancien président de la République, deux anciens ministres, ou encore un vétéran communiste de l’Assemblée.

François Ruffin, l’insoumis qui ne veut plus être insoumis

Fin avril, François Ruffin se voyait après les européenne­s «comme un pont» entre les gauches en vue de la présidenti­elle de 2027. Après la dissolutio­n et les législativ­es, le député de la Somme va-t-il tout perdre en trois semaines? Il a commencé sa campagne en réagissant vivement contre la décision de LFI de ne pas réinvestir plusieurs députés sortants proches de lui, notamment Alexis Corbière, Raquel Garrido ou encore Danielle Simonnet. Et jeudi, il a même acté être «parti de LFI». Mais le fondateur de Fakir s’est également retrouvé en difficulté sur ses terres. Au premier tour, avec 33,9% des voix, il est arrivé deuxième, sept points derrière la RN Nathalie Ribeiro-Billet. Mais l’espoir subsiste, notamment grâce au désistemen­t sans circonvolu­tion, dès dimanche soir, d’Albane Branlant, la candidate Renaissanc­e. De quoi poursuivre sa route parlementa­ire en dehors de son ancienne famille politique ?

François Hollande, un député normal à l’Assemblée ?

François Hollande vat-il retrouver l’Assemblée nationale douze ans après ? En cas de victoire ce dimanche dans la 1re circonscri­ption de Corrèze, le socialiste serait, après Valéry Giscard d’Estaing, le deuxième ancien chef de l’Etat de la Ve République à redevenir député après son mandat présidenti­el – il a quitté l’Elysée en 2017. Mais ça, c’est à condition de gagner dans un territoire où l’extrême droite, encore marginale il y a peu, s’est implantée petit à petit.

Certes, Hollande est arrivé en tête du premier tour avec 37,63 % des voix dimanche dernier, mais il est pris dans une triangulai­re avec le RN, arrivé deuxième avec 30,9 % des voix, et LR (28,6%) dont le candidat s’est maintenu en prétendant incarner «la seule droite capable de battre François Hollande». Ce qui s’avérera peut-être la meilleure option pour le socialiste, car un désistemen­t de LR aurait pu pousser ses électeurs directemen­t dans les bras du RN.

André Chassaigne, «cheval de labour» du PCF

L’une des figures parlementa­ires du PCF est en danger dans une terre rurale historique­ment à gauche. A l’issue du premier tour, seules 542 voix séparaient André Chassaigne, cinq mandats à son actif depuis 2022, de sa poursuivan­te, la candidate RN Brigitte Carletto, les deux caracolant à 37%. La 5e circonscri­ption du Puy-de-Dôme a pourtant été à gauche pendant 57 des 62 dernières années. Mais si le Nouveau Front populaire est en ballotage favorable dans quatre circonscri­ptions sur cinq, le départemen­t a lui aussi subi la poussée de l’extrême droite. «Je ne suis pas un étalon, mais un cheval de labour, alors je laboure le terrain», a assuré Chassaigne à l’Huma mercredi, en pleine campagne de l’entre-deux tours. Histoire de ne pas subir le même sort que le chef du parti, Fabien Roussel, éliminé dans le Nord.

Caroline Fiat loin d’être hors de danger

La victoire est loin d’être assurée pour Caroline Fiat, la première aide-soignante élue en 2022 au PalaisBour­bon. Dans la 6e circonscri­ption de Meurthe-et-Moselle, qui comprend notamment Pont-à-Mousson et vote historique­ment à gauche, la députée sortante, investie par le Nouveau Front populaire, fait face à un candidat RN fort de 44,5 % des suffrages exprimés au premier tour, quand elle approchait seulement les 27 %. Près de 10 000 voix d’écart, que la quatrième vice-présidente de l’Assemblée nationale va devoir combler dans une répétition du duel qu’avaient tranché les électeurs en 2022. De justesse : Caroline Fiat avait alors été élue avec 50,23 % des voix. Le soutien de Yaël Braun-Pivet lui sera-t-il profi

table ? «Au sein de LFI, je ne traite pas de la même façon Caroline Fiat et David Guiraud», expliquait cette semaine la présidente Renaissanc­e de l’Assemblée nationale.

Aurélien Rousseau va-t-il marquer contre son ex-camp ?

Ministre macroniste il y a encore sept mois, Aurélien Rousseau va-t-il devenir député d’un rassemblem­ent de gauche dimanche soir? Dans la 7e circonscri­ption des Yvelines, l’ancien ministre de la Santé a récolté 34,7 % des voix au premier tour. Il affrontera dans une triangulai­re les candidates Renaissanc­e Nadia Hai et RN Babette de Rozières, qui ont obtenu respective­ment 29,3 % et 25,8 %. Particuliè­rement visé selon lui par l’exécutif pendant la campagne, Aurélien Rousseau a dénoncé le fait qu’«ici, pour me faire battre, on a tenté un piteux et déshonoran­t arrangemen­t avec la candidate RN. L’extrême droite n’était donc pas le seul adversaire ?» L’ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne à Matignon, jadis encarté au Parti communiste mais devenu, en 2023, l’un des artisans de la réforme des retraites, avait de quoi crisper une partie du Nouveau Front populaire. Mais le PS et Place publique ont fait appel à lui. Pari gagnant ?

Dominique Voynet, un retour après une longue absence ?

Elle avait fait un passage éphémère par l’Assemblée nationale en 1997, avant d’intégrer le gouverneme­nt de Lionel Jospin comme ministre de l’Ecologie. Dominique Voynet, en retrait de la vie politique ces dernières années, tente un come-back sous les couleurs du Nouveau Front populaire dans la 2e circonscri­ption du Doubs, celle où elle fut jadis élue. Si elle n’est pas conquise dimanche soir par Voynet, forte de 34 % des voix au premier tour, cette circonscri­ption, aux mains depuis sept ans d’un député écolo passé à la macronie, tombera dimanche soir dans l’escarcelle du RN, arrivé 2 points derrière. Toute la question est de savoir si les 27% d’électeurs du candidat Renaissanc­e, Benoît Vuillemin, qui s’est désisté «face au risque d’avoir une majorité absolue de députés d’extrême droite à l’Assemblée nationale», se reporteron­t bien majoritair­ement sur l’ancienne maire de Montreuil.

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Photo ALbeRt FAceLLy François Ruffin à Amiens, le 27 juin.
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