En Corse, les gauches s’unissent aussi
«On revient de loin!» Quand il apprend que Libé s’intéresse au rassemblement des gauches en Corse, ce militant insoumis nous souhaite «bon courage». Sur l’île, elles sont en effet parties séparées en 2022 – elles étaient en dehors de la Nupes– et elles n’ont encore une fois pas été intégrées dans la répartition des circonscriptions par le Nouveau Front populaire. Mais à l’approche des législatives, et face à la montée de l’extrême droite en Corse, les partis de gauche ont réussi à se mettre d’accord localement. La répartition semble simple en apparence : à chaque grand parti de gauche sa circonscription. Les terres de Bastia aux insoumis, celles de Corte aux écologistes, d’Ajaccio aux communistes et de Porto-Vecchio aux socialistes. «Mais déjà, sur le continent, l’union des gauches c’est une galère, alors ici, vous n’imaginez pas…» admet Sacha Bastelica, candidat insoumis en Haute-Corse. De son côté, Jean-Baptiste Luccioni préfère dire qu’ils ont travaillé «tard le soir pour trouver ce point d’équilibre». Le candidat socialiste en Corse-duSud explique que «le national voulait nous laisser nous organiser, ne pas interférer». L’union leur est apparue comme une évidence, surtout face à une extrême droite au plus haut en Corse. Karl Tomasi, militant insoumis à Bastia, explique ainsi qu’«au lendemain de l’annonce, on a vu qu’on n’était pas dans la répartition du Nouveau Front populaire, on s’est dit “fait chier”, la Corse c’est l’endroit où il y a le plus besoin de l’accord». Le RN a en effet dépassé les 40% sur l’île aux européennes et, au second tour de la présidentielle de 2022, les Corses avaient porté Marine Le Pen à 58% –largement devant Emmanuel Macron. «Il y a même la droite de l’extrême droite ici», renchérit Hélène Sanchez, candidate écologiste en Haute-Corse. La raison de leur exclusion dans la répartition des circonscriptions du Nouveau Front populaire reste floue. «On a essayé d’en faire partie, explique Sacha Bastelica, jeune candidat insoumis en Haute-Corse, mais ici il y a des enjeux supplémentaires, sur l’autonomie, la bétonisation, le logement, qui interfèrent.»
Reste que les chances de voir des députés du Nouveau Front populaire corse à l’Assemblée sont faibles. Mais Marc-Antoine Leroy, candidat communiste à Ajaccio, veut croire qu’il «y a un peuple de gauche en Corse» et veut «réussir à lui parler, pour créer la surprise». Dans sa circonscription, en 2022, les partis de gauche divisés n’avaient pourtant pas atteint les 10%. Un horizon incertain qui n’empêche pas Hélène Sanchez de répéter que «la Corse a besoin de députés capables de choisir leur camp, de s’ancrer à gauche face à l’extrême droite».