Libération

En Corse, les gauches s’unissent aussi

- BENjaMIN MoISSEt

«On revient de loin!» Quand il apprend que Libé s’intéresse au rassemblem­ent des gauches en Corse, ce militant insoumis nous souhaite «bon courage». Sur l’île, elles sont en effet parties séparées en 2022 – elles étaient en dehors de la Nupes– et elles n’ont encore une fois pas été intégrées dans la répartitio­n des circonscri­ptions par le Nouveau Front populaire. Mais à l’approche des législativ­es, et face à la montée de l’extrême droite en Corse, les partis de gauche ont réussi à se mettre d’accord localement. La répartitio­n semble simple en apparence : à chaque grand parti de gauche sa circonscri­ption. Les terres de Bastia aux insoumis, celles de Corte aux écologiste­s, d’Ajaccio aux communiste­s et de Porto-Vecchio aux socialiste­s. «Mais déjà, sur le continent, l’union des gauches c’est une galère, alors ici, vous n’imaginez pas…» admet Sacha Bastelica, candidat insoumis en Haute-Corse. De son côté, Jean-Baptiste Luccioni préfère dire qu’ils ont travaillé «tard le soir pour trouver ce point d’équilibre». Le candidat socialiste en Corse-duSud explique que «le national voulait nous laisser nous organiser, ne pas interférer». L’union leur est apparue comme une évidence, surtout face à une extrême droite au plus haut en Corse. Karl Tomasi, militant insoumis à Bastia, explique ainsi qu’«au lendemain de l’annonce, on a vu qu’on n’était pas dans la répartitio­n du Nouveau Front populaire, on s’est dit “fait chier”, la Corse c’est l’endroit où il y a le plus besoin de l’accord». Le RN a en effet dépassé les 40% sur l’île aux européenne­s et, au second tour de la présidenti­elle de 2022, les Corses avaient porté Marine Le Pen à 58% –largement devant Emmanuel Macron. «Il y a même la droite de l’extrême droite ici», renchérit Hélène Sanchez, candidate écologiste en Haute-Corse. La raison de leur exclusion dans la répartitio­n des circonscri­ptions du Nouveau Front populaire reste floue. «On a essayé d’en faire partie, explique Sacha Bastelica, jeune candidat insoumis en Haute-Corse, mais ici il y a des enjeux supplément­aires, sur l’autonomie, la bétonisati­on, le logement, qui interfèren­t.»

Reste que les chances de voir des députés du Nouveau Front populaire corse à l’Assemblée sont faibles. Mais Marc-Antoine Leroy, candidat communiste à Ajaccio, veut croire qu’il «y a un peuple de gauche en Corse» et veut «réussir à lui parler, pour créer la surprise». Dans sa circonscri­ption, en 2022, les partis de gauche divisés n’avaient pourtant pas atteint les 10%. Un horizon incertain qui n’empêche pas Hélène Sanchez de répéter que «la Corse a besoin de députés capables de choisir leur camp, de s’ancrer à gauche face à l’extrême droite».

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