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Manif féministe à Paris : «Le RN est le seul parti qui doit faire peur»

Des milliers de manifestan­ts étaient mobilisés dimanche, à l’appel de plus de 200 associatio­ns, ONG et syndicats, pour rappeler qu’un gouverneme­nt d’extrême droite entraînera­it un recul des droits des femmes et des personnes LGBT +.

- MarGaux GabLe Photo CaMiLLe MCOuat

Dans un paysage féministe fracturé, l’union de dimanche est historique. A une semaine du premier tour des élections législativ­es, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblée­s à Paris, sur la place de la République, à l’appel de 200 associatio­ns (Fondation des femmes, #NousToutes, Planning familial, Ligue des droits de l’homme…), ONG (Oxfam, France Terre d’asile…) et syndicats (CFDT, CGT, Unsa, Solidaires, FSU et CNT), pour «une grande manif féministe». On comptait 75 000 personnes selon les organisate­urs et 13 000 selon la police.

Dangers. «Je reste convaincue que la mobilisati­on féministe peut jouer un rôle déterminan­t dans la lutte contre l’extrême droite et dans la mise à l’ordre du jour d’idées progressis­tes», a martelé la patronne de la CGT, Sophie Binet, avant le départ du cortège. A sa gauche, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, abonde : «On le voit ailleurs dans le monde, en Pologne, en Argentine, en Russie, l’extrême droite remet en cause le droit des femmes à disposer de leur corps. Il ne faut pas que ces idées dangereuse­s se hissent au pouvoir en France.» Alors que le cortège s’élance, toutes deux appellent à «enfin mettre les moyens nécessaire­s» pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. En tête de cortège, la coprésiden­te du Planning familial Sarah Durocher craint que l’arrivée au pouvoir du RN ne soit synonyme de réduction des moyens. «A l’heure actuelle, les 89 parlementa­ires RN menacent déjà de couper nos financemen­ts via des questions orales ou écrites.»

A quelques foulées derrière le carré de tête, Alix et Camille, 22 et 23 ans, pancartes plein les bras, reconnaiss­ent que, pour détricoter les «mensonges» du RN en ce qui concerne les droits des femmes, «le travail est encore long». «Beaucoup de personnes autour de moi, qui ne sont pas issues de milieux politiques, qui n’ont pas fait d’études supérieure­s, ont des paroles qui ne leur appartienn­ent pas. Ce sont beaucoup de phrases toutes faites», regrette Alix, d’origine corse, qui manifeste pour la première fois de sa vie. «Le RN au pouvoir, même trois ans, peut faire beaucoup de mal. Il est primordial d’expliquer les dangers pour les droits des femmes», commente Camille, qui travaille dans une associatio­n féministe.

«Sophisme». En rang d’oignons derrière une banderole «Pas de fachos dans nos fiertés. Pas de fierté pour les fachos», Marie, 70 ans, et son amie Florence sont partagées entre «angoisse et colère», fait savoir la première. Pancarte exhortant à faire procuratio­n autour du cou, la seconde dit regretter le traitement de la gauche par les médias. Pour elle, il faut «que les médias évitent de relayer le sophisme selon lequel le Nouveau Front populaire est La France insoumise, que La France insoumise est antisémite, donc que le Nouveau Front Populaire est antisémite. Je suis juive, et le seul parti qui me fait vraiment peur, et le seul qui doit faire peur, c’est le RN», appuie-t-elle.

Sous l’ombre des drapeaux roses de SOS Homophobie, Yves Gimbert, membre de l’associatio­n : «Comme pour les droits des femmes, le Rassemblem­ent national est un énorme danger pour le droit des personnes LGBT +. Avec le RN au pouvoir, il ne s’agirait pas de revenir sur le pacs ou le mariage pour tous, mais on parle de supprimer la sensibilis­ation dans l’enseigneme­nt, de revenir sur les lois sur les discrimina­tions ou de faire disparaîtr­e la Délégation interminis­térielle à la lutte contre le racisme, l’antisémiti­sme et la haine anti-LGBT.» Comme beaucoup aujourd’hui, il peine à camoufler son inquiétude.

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