Libération

Avec Alison Roman, un dîner presque imparfait

- Par MARIE-EVE LACASSE

A l’occasion de la sortie en français de «Petits Dîners sans prétention», rencontre avec l’autrice culinaire qui cartonne aux Etats-Unis avec ses vidéos, podcasts et livres de recettes dans lesquels elle dédramatis­e les erreurs en cuisine et encourage à recevoir sans chichis.

Recevoir des amis à la maison pour dîner vous stresse? Vous avez peur de rater vos plats, que rien ne soit chaud en même temps et que la soirée ne se déroule pas comme prévu? Parfait: vous suivez déjà les conseils d’Alison Roman, une autrice culinaire américaine qui, avec ses livres, podcasts et vidéos, invite ses fans à ne point trop en faire. Car Alison Roman a une philosophi­e bien à elle. Pour un dîner réussi, il faut respecter trois règles : 1. recevoir simplement, 2. ne jamais s’excuser, et 3. oser demander de l’aide à ses invités – même pour faire la vaisselle ! «C’est souvent le moment le plus amusant du repas : alors que tout le monde est éméché, je lance une playlist de Janet Jackson, et c’est parti pour le nettoyage. Mais j’avoue que plus je vieillis, moins je le fais, parce qu’à la fin de la soirée, j’ai juste envie que mes invités partent !» dit-elle en éclatant de rire.

Improvisat­ion. Née en Californie il y a trente-huit ans, Alison Roman est une autodidact­e qui a déjà vécu au moins sept vies. Cheffe dans plusieurs restaurant­s (Sona à Los Angeles, Quince à San Francisco, Milk Bar à New York et Pies’n’Thighs à Brooklyn), journalist­e à BuzzFeed Food puis au New York Times dans la rubrique cuisine, autrice de livres de recettes, créatrice de vidéos et de podcasts… «Quand j’étais étudiante à l’université de Santa Cruz, j’ai travaillé dans des restaurant­s pour payer mes études. C’est là que j’ai rencontré mes mentors», expliquet-elle. C’est peut-être en raison de ce parcours loin des écoles de cuisine que cette Brooklynit­e est portée autant sur la plume (elle a étudié le «creative writing») que sur la cuisine, avec un style si personnel. Les éditions Hachette viennent de faire paraître la première traduction en français de son best-seller Nothing Fancy sous le titre Petits Dîners sans prétention : un livre à part, dans lequel l’autrice nous fait entrer dans sa cuisine pour y découvrir les plats tels qu’elle les prépare pour ses amis.

Ici, c’est la vie, imparfaite, qui surgit entre les pages. La nappe se tache de petites gouttes de sauce; les invités arrivent en retard ; les plats ne sont pas tous prêts au bon moment ; il lui manque un ingrédient essentiel qu’elle remplacera aussitôt par un autre, qui s’avérera encore meilleur… Recevoir chez soi, ce n’est pas comme avoir une brigade profession­nelle à dispositio­n! Si ses recettes tiennent la route, elles laissent toutes une place à l’improvisat­ion. Une simple salade de pâtes peut s’assaisonne­r avec des câpres ou des anchois. De nombreux conseils sont bons à prendre, comme le fait de se faire des croûtons avec des restes de focaccia de la veille… Quelques détails, cependant, nous rappellent à quel point

Alison Roman est américaine: «Aux Etats-Unis, il nous arrive de servir un plateau de fromage avec de la salade à l’apéritif. Il y a un petit chapitre sur ce sujet dans le livre, parce que c’est ce que nous faisons ici, et que je n’ai pas pensé au livre en imaginant sa traduction future pour un public français, évidemment.»

«Hotline». Pour les cuistots en herbe qui se sentent perdus au supermarch­é, Alison Roman a même créé une «hotline» qu’elle a transformé­e en podcast, appelé «Solicited Advice» (conseil sollicité). Chaque semaine, elle accueille un invité qui, comme elle, aime «donner ou recevoir des conseils» sur les relations amoureuses, la vie avec ses voisins et, bien sûr, la bouffe. Pour compléter la panoplie, elle a ouvert, en 2023, à Bloomville dans l’Etat de New York, une petite épicerie appelée First Bloom regroupant tous ses produits préférés. «Mes activités sont très numériques : les vidéos soutiennen­t le podcast, qui soutient les livres, qui soutiennen­t mes posts sur Instagram. Tout s’insère dans un écosystème logique, mais il manquait un lieu concret où l’on pouvait littéralem­ent entrer physiqueme­nt dans cet univers. J’adore les épiceries, et j’ai une maison de campagne dans cette ville, où j’ai vécu pendant le confinemen­t, et où j’ai écrit mes deux derniers livres. Ça m’a juste semblé logique d’y ouvrir une épicerie, où l’on pouvait trouver tous les produits que j’adore, et que j’utilise dans mes recettes.» Une fille chouette, à découvrir en français, enfin.

Alison Roman, Petits Dîners sans prétention, Hachette, 35 euros.

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