Kaytranada nd Dancin’ King
Le DJ québecois signe un nouvel album inventif et d’une rare élégance, calibré pour mettre le feu aux dancefloors de l’été.
Il faisait partie des artistes les plus attendus du récent festival écolo parisien We Love Green. Pourtant, du grand retour de Justice au phénomène afro Burna Boy en passant par la nouvelle star r’n’b SZA, l’événement comptait quand même son lot de têtes d’affiche. Seulement voilà Kaytranada, Louis Kevin Celestin de son vrai nom, Québécois d’origine haïtienne, synthétise peut-être mieux que quiconque les attentes du public pour une musique dansante, ingénieuse, aux confins de la house, du rap et de la soul électronique. Bref, toute la grande palette des musiques afro-américaines se trouve magnifiée par la magic touch de ce producteur de 31 ans. Ses DJ sets où il peut passer à l’aise d’Aaliyah à Mr Fingers ou Gal Costa résument parfaitement un personnage pratiquant avec science les grands écarts sans jamais tomber dans la moindre faute de goût. Ce qui n’empêche pas un certain haut-le-coeur à la vision du tracklisting de son troisième album, successeur du carton BUBBA (2019). La raison ? Dix-sept titres (plus quatre bonus), des featurings vocaux en pagaille. Même sans appartenir à la génération TikTok du zapping permanent, allions-nous avaler d’une seule traite, sans moufter cette potion supposée magique ? On a tout gobé haut la main et on en a même redemandé. Parfaitement balancé, ce Timeless conçu comme un set de DJ avec un début, un milieu et une fin, affiche une élégance folle dans une orientation largement dancefloor qui atteint son vrai climax dès le cinquième titre, le jouissif instrumental house-funk agrémenté de quelques samples vocaux, Dance, Dance, Dance, Dance. Ce n’est pas pour rien que le mot «Dance» est répété quatre fois. C’est bien le mot d’ordre de cet album bouillant, propre à toutes les ondulations en solo ou en duo comme sur le slow somptueux Feel a Way avec Don Toliver. Autres grands moments, les deux titres avec le rappeur-house Channel Tres. On reste scotché par la moiteur drum’n’bass de Drip Sweat et le P Funk indolent de Stuntin. Pas besoin d’aller chercher plus loin le disque de l’été.