#MeToo en Chine : cinq ans de prison pour une journaliste
C’est l’une des 118 défenseurs de la liberté de la presse incarcérés dans le pays à ce jour, d’après Reporters sans frontières (RSF), pour qui la Chine est «la plus grande prison du monde pour les journalistes». Emprisonnée depuis 2021, Sophia Huang Xueqin, 36 ans, figure du mouvement #MeToo, a été condamnée vendredi à cinq ans de prison pour «incitation à la subversion de l’Etat», a dénoncé RSF. La journaliste va faire appel. Lorsque la vague #MeToo a commencé à déferler aux Etats-Unis en 2017, suite aux révélations des violences sexuelles commises par le producteur de cinéma Harvey Weinstein, puis en Europe, Sophia Huang Xueqin a tenté de libérer la parole sur les réseaux sociaux. Sur l’application WeChat, elle avait créé un compte public où elle témoignait de son vécu. Sophia Huang Xueqin y a révélé avoir été victime de harcèlement sexuel sur son lieu de travail. Des images d’elle, avec une pancarte #MeToo dans les mains, ont fait le tour du monde.
La jeune femme est arrêtée et emprisonnée en 2019, suite à sa participation en tant que journaliste dans les manifestations pro démocratie à Hongkong. Elle est libérée sous caution après trois mois de détention. En 2021, elle est de nouveau incarcérée, et torturée. Durant son procès commencé en 2023, elle est accusée d’avoir «publié des articles et des discours déformés et provocateurs attaquant le gouvernement national sur les réseaux sociaux» ainsi que d’avoir «rassemblé des organisateurs à l’étranger pour participer à une formation en ligne sur des actions non-violentes». Interrogé sur cette affaire le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a répondu en assurant que «la Chine est un pays où règne l’Etat de droit, qui garantit les droits légitimes de chaque citoyen conformément à la loi». Mais «toute personne qui enfreint la loi se verra infliger une sanction légale», a-t-il prévenu.
Cette condamnation aura «un effet dissuasif supplémentaire sur les droits de l’homme et la défense sociale, dans un pays où les militants sont confrontés à une répression croissante de la part de l’Etat», a réagi Sarah Brooks, d’Amnesty International. Dans ce pays patriarcal, placé à la 172e position sur 180 par RSF dans son classement sur la liberté de la presse, les autorités répriment de façon croissante, ces dernières années, tous les mouvements issus de la société civile et les défenseurs des droits.