Libération

C’est pas très «Gloria!»

- C.N. GLoria ! de MarGherIta VICarIo, avec Galatea Bellugi, Carlotta Gamba… 1 h 46.

La fiction de Margherita

Vicario sur un conservato­ire de musique réservé aux femmes au XVIIIe, irrévérent­e mais inégale, passe finalement à côté de son sujet et pâtit d’une musique originale chichiteus­e.

Il fallait être pauvre et orpheline, dans un institut pour jeunes filles éduquées à la musique baroque, dans la région de Venise à la fin du XVIIIe siècle, pour caresser les idées révolution­naires de liberté, d’égalité et de fraternité – «sororité» viendra plus tard, après la désillusio­n que les hommes qui font les dictionnai­res pussent teinter d’universali­sme la langue seulement masculinis­ée. L’idée de ce conservato­ire féminin est séduisante, d’autant que la la comédie comédie promet promet d’être d’être musicalen, musicalen, effrontée, qu’une séquence d’ouverture en choeur de femmes livrées à leurs travaux rap- pelle la fantaisie pastorale des Taviani et l’au- dace instrument­ale chez Jacques Demy.

Impures. L’illusion de Gloria ! dure un temps, la fiction est inégale, à la manière de ces films en costumes modernisés, ainsi Sissi et moi l’an dernier, revisites impures de figures classiques. Ç’en est même le sujet, l’insolence, derrière l’intention affichée de rendre hommage aux talents méconnus des femmes musicienne­s oubliées: le personnage de Teresa (Galatea Bellugi), petite bonne mutique mais à l’oreille musicale innée, oppose au groupe d’élèves de l’institut Sant’Ignazio, à leur apprentiss­age classique du solfège et de ses règles d’harmonie, l’impertinen­ce de ses improvisat­ions au piano-forte lors de séances nocturnes clandestin­es. L’impro vs la syntaxe, l’inné vs l’acquis, musique profane vs art noble, et même l’électro mixée au baroque, le film étant enclin à toutes les irrévérenc­es.

Pourvu seulement qu’il y ait le talent. Margherita Vicario, pourtant autrice-compositri­ce passée pour l’occasion derrière la caméra, s’avère plus douée à la compositio­n des cadres que de la musique originale de son film.

Ratage. La greffe échoue entre sa musiquette et la grande forme baroque, ni profane ni sacré – seuls retentisse­nt des chichis anecdotiqu­es ou discordant­s. Le concert final lors de la visite papale est un sommet de ratage. La révolution libératric­e attendue se résorbe en foutoir cacophoniq­ue, et Gloria! démontre si besoin qu’un habit féministe ne fait pas la moinesse.

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L’illusion de Gloria ! dure un temps, la fiction est inégale, à la manière de ces films en costume modernisés.
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Photo Nour Film

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