C’est pas très «Gloria!»
La fiction de Margherita
Vicario sur un conservatoire de musique réservé aux femmes au XVIIIe, irrévérente mais inégale, passe finalement à côté de son sujet et pâtit d’une musique originale chichiteuse.
Il fallait être pauvre et orpheline, dans un institut pour jeunes filles éduquées à la musique baroque, dans la région de Venise à la fin du XVIIIe siècle, pour caresser les idées révolutionnaires de liberté, d’égalité et de fraternité – «sororité» viendra plus tard, après la désillusion que les hommes qui font les dictionnaires pussent teinter d’universalisme la langue seulement masculinisée. L’idée de ce conservatoire féminin est séduisante, d’autant que la la comédie comédie promet promet d’être d’être musicalen, musicalen, effrontée, qu’une séquence d’ouverture en choeur de femmes livrées à leurs travaux rap- pelle la fantaisie pastorale des Taviani et l’au- dace instrumentale chez Jacques Demy.
Impures. L’illusion de Gloria ! dure un temps, la fiction est inégale, à la manière de ces films en costumes modernisés, ainsi Sissi et moi l’an dernier, revisites impures de figures classiques. Ç’en est même le sujet, l’insolence, derrière l’intention affichée de rendre hommage aux talents méconnus des femmes musiciennes oubliées: le personnage de Teresa (Galatea Bellugi), petite bonne mutique mais à l’oreille musicale innée, oppose au groupe d’élèves de l’institut Sant’Ignazio, à leur apprentissage classique du solfège et de ses règles d’harmonie, l’impertinence de ses improvisations au piano-forte lors de séances nocturnes clandestines. L’impro vs la syntaxe, l’inné vs l’acquis, musique profane vs art noble, et même l’électro mixée au baroque, le film étant enclin à toutes les irrévérences.
Pourvu seulement qu’il y ait le talent. Margherita Vicario, pourtant autrice-compositrice passée pour l’occasion derrière la caméra, s’avère plus douée à la composition des cadres que de la musique originale de son film.
Ratage. La greffe échoue entre sa musiquette et la grande forme baroque, ni profane ni sacré – seuls retentissent des chichis anecdotiques ou discordants. Le concert final lors de la visite papale est un sommet de ratage. La révolution libératrice attendue se résorbe en foutoir cacophonique, et Gloria! démontre si besoin qu’un habit féministe ne fait pas la moinesse.