«LA GAUCHE A UNE OCCASION HISTORIQUE DE RÉUNIR CEUX QUI VEULENT UNE SOCIÉTÉ PLUS ÉCOLOGISTE ET ÉGALITAIRE»
«Dimanche soir, je me suis rendu place de la République à Paris avec des amis et c’était déprimant à quel point il y avait peu de monde. Pour ceux comme moi qui ont connu 2002, quand la France était dans la rue contre le FN, c’est très dur à avaler. Cela montre l’ampleur du travail de banalisation qui a été fait. “La jeunesse emmerde le Front national”, c’est clairement fini, nous avons basculé dans une autre réalité. «J’ai l’impression que l’union des gauches est possible si Jean-Luc Mélenchon ne met pas des bâtons dans les roues de François Ruffin… Et si certains électeurs de gauche sont prêts à voter pour un projet avec Mélenchon et La France insoumise qui ont subi une campagne de dénigrement qui a très bien marché. La gauche a une occasion historique de réunir tous les progressistes qui veulent aller vers une société plus écologiste et plus égalitaire. Tous ceux qui depuis longtemps sont orphelins ne comprennent pas la fragmentation de partis de gauche dont les programmes ne sont finalement pas si différents sur beaucoup de sujets. Nous avons besoin d’un nouvel espace politique, le plus large possible, d’abattre les murs, c’est ça faire un front populaire.
«Pour réussir l’union des gauches, il s’agit aussi d’être lucide : il y a une déception profonde, une défiance énorme vis-à-vis de la gauche de gouvernement, une envie de renverser la table face à ce sentiment d’avoir été déçu, trompé en permanence. Le RN a réussi à faire croire qu’il avait des réponses à apporter au désarroi, à la peur et au déclassement, en se focalisant sur l’immigration. Mais il n’en a pas. Les médias ont une responsabilité, ils les ont laissés imposer leurs thèmes. Or la conversation qui a lieu avant le vote le conditionne grandement. La focalisation sur la question migratoire a fait passer les enjeux climatiques au second plan alors que c’est une préoccupation majeure des Français. Cela va dans le sens d’un backlash plus général sur l’écologie.
«Si la gauche ne propose pas un nouveau pacte démocratique, une refonte des institutions, une façon d’entendre et de mieux faire participer les gens, c’est voué à l’échec. Il va falloir transcender les ego et les partis, j’ai envie de croire qu’en ce moment difficile, c’est possible.»