Libération

Aux Pays-Bas, l’extrême droite perce mais le centre gauche passe devant

Malgré sa défaite, le PVV aurait gagné un nombre de sièges historique, devant le parti de centre droit au pouvoir.

- N.DI. ET CLARA GRÉGOIRE

La poussée aurait-elle été (un peu) moins forte que prévue? Les Néerlandai­s ont ouvert le bal du marathon électoral jeudi, sur fond de victoire pressentie de l’extrême droite. Mais c’est l’alliance entre les écologiste­s et les travaillis­tes Groenlinks-PvDA qui aurait finalement remporté le scrutin en obtenant 8 sièges (21,6 %) au Parlement européen (sur les 31 accordés au pays), selon un sondage de sortie des urnes commandé par la chaîne publique NOS. «Le récit de la montée de l’extrême droite a été déjoué aux Pays-Bas. C’est un message pour le reste de l’Europe : Sortez et votez !» s’est réjoui la tête de liste des Verts, Bas Eickhout. Dans les faits pourtant, le résultat est serré. Arrivé en deuxième place, le PVV –donné en tête dans les sondages avant le scrutin– obtiendrai­t 7 sièges, et 17,7 %. Une percée historique pour le parti d’extrême droite, qui n’en avait obtenu qu’un seul en 2019. «Le PVV a obtenu le meilleur résultat jamais enregistré aux élections européenne­s», s’est félicité le dirigeant Geert Wilders sur X (ex-Twitter). Avant d’ajouter que le parti, qui siège à Bruxelles avec Identité et Démocratie, le groupe du Rassemblem­ent national, pouvait encore être déclaré grand vainqueur dimanche.

Mercredi soir, Geert Wilders faisait encore campagne sur le marché de La Haye. «Les jours à venir sont cruciaux pour l’avenir de l’Europe», disait-il alors, loin de sa traditionn­elle rhétorique en faveur d’un «Nexit» (la sortie des Pays-Bas de l’UE) abandonnée lors des négociatio­ns de coalition qui ont suivi son triomphe électoral lors des législativ­es de novembre.

Saga. «D’autres partis qui nous ressemblen­t se développen­t, de la France à la Belgique, de l’Autriche à l’Italie. Si nous parvenons à rassembler tous ces éléments et à faire prendre une autre direction à ce pétrolier qu’est l’UE, nous aurons beaucoup plus d’influence à l’intérieur qu’à l’extérieur [du bloc]», a-t-il ajouté. Cette brève sortie publique a été la seule de la campagne. La tête de liste du parti, le conseiller provincial Sebastiaan Stöteler, s’est lui aussi fait très discret, se limitant à quelques rares apparition­s dans les médias. Parmi les «perdants», on retrouve le VVD, arrivé deuxième en 2019 et

qui se place cette fois-ci à la dernière marche du podium. Selon le sondage de sortie des urnes, le parti du Premier ministre en partance, Mark Rutte, devrait bénéficier de 4 sièges, soit un de moins qu’il y a cinq ans. Au niveau national, la formation de centre droit – qui a longtemps dominé la vie politique – a récemment signé un accord de coalition avec le PVV, ainsi qu’avec les nouveaux conservate­urs du NSC et le parti populiste agrarien du BBB.

Signé trois semaines avant les européenne­s, cet accord et la formation du gouverneme­nt, une saga qui dure depuis plus de six mois, ont accaparé l’attention des Néerlandai­s. Fin mai, les quatre formations ont réussi à se mettre d’accord sur un Premier ministre, l’ancien chef des services de renseignem­ent Dick Schoof, mais elles sont toujours en pourparler­s pour l’attributio­n des ministères. Outre d’inquiétant­es mesures sur l’immigratio­n et l’environnem­ent, leur accord de coalition prévoit une coupe de 1,6 milliard d’euros dans la contributi­on néerlandai­se au budget de l’UE.

«D’autres partis qui nous ressemblen­t se développen­t, de la France à la Belgique, de l’Autriche à l’Italie.»

Geert Wilders dirigeant du parti d’extrême droite PVV

Barre franchie. Malgré une campagne européenne éclipsée, le taux de participat­ion est de presque 47%, selon le sondage. En 2019, près de 42% des électeurs s’étaient rendus dans l’isoloir, une barre qui n’avait jamais été franchie depuis une trentaine d’années. En dehors du podium ce vendredi, on retrouve deux partis centristes : l’Appel chrétien-démocrate (CDA) et le parti social-libéral (D66), qui remportent chacun 3 sièges. Le BBB et le NSC, eux, font leur grande entrée au Parlement européen, avec respective­ment 2 et 1 siège. Les quatre partis de droite et d’extrême droite qui ont signé l’accord de coalition remportera­ient ainsi 14 sièges sur 31, soit moins de la majorité.

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Les codirigean­ts du parti d’extrême droite allemande Alternativ­e für Deutschlan­d, Alice Weidel et Tino
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PHoto AnnegRet Hilse. ReuteRs

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