Libération

Les Républicai­ns, sans surprise parti

La liste menée par François-Xavier Bellamy, qui ne se faisait aucune illusion sur l’issue du scrutin, peut se satisfaire d’avoir limité la casse. Mais les mauvais scores à répétition interrogen­t sur l’avenir de la formation de droite.

- VICTOR BOITEAU

La chute, encore. Avec 7,2 %, selon les premières estimation­s, la liste de François-Xavier Bellamy réalise son pire score lors d’un scrutin européen. Jamais, depuis les élections au Parlement de Strasbourg, en 1979, la droite n’était tombée aussi bas. Le score de 2019 (8,48%) valant étalon de mesure, Les Républicai­ns (LR) croisaient les doigts pour ne pas dégringole­r plus encore. Raté. Au siège du parti, le candidat a salué une campagne menée «avec le sérieux, le courage, l’exigence, l’audace qu’il fallait pour résister à la fatalité».

Si ce score permet de limiter une humiliante relégation en dessous des 5 %, synonyme de disparitio­n à Strasbourg, le résultat de ces élections reste un désaveu pour le patron du parti, Eric Ciotti. Pour le Niçois, élu en décembre 2022 avec une promesse de «retour de la droite», la claque est réelle. Son parti n’enregistre, dans les urnes, aucun signe de résurrecti­on palpable. Sauf à comparer avec le piteux score (4,78 %) de Valérie Pécresse à la présidenti­elle de 2022.

Après l’annonce par Emmanuel Macron de la dissolutio­n de l’Assemblée, la droite va renouer avec l’agitation la secouant depuis 2017 – et ce alors que les rumeurs de coalition avec gouverneme­nt ont pollué la fin de campagne de Bellamy –, concernant son positionne­ment stratégiqu­e, entre le camp présidenti­el et l’extrême droite. Sur le plateau de TF1, Ciotti a réexprimé la position d’«indépendan­ce» de son camp et juré qu’il ne s’associerai­t «jamais avec [le] pouvoir» en place. Pour ce scrutin européen, personne, chez LR, n’espérait sérieuseme­nt une meilleure performanc­e. Le candidat n’a connu, durant ses cinq mois de campagne, aucune embellie sondagière –scotché entre 6,5 et 8% d’intentions de vote. En bout de course, certains à droite caressaien­t l’espoir d’un score à deux chiffres. Plus encore après les quelques coups de gueule du candidat, qui lui ont assuré une plus grande visibilité médiatique. Mercredi encore, lors de son dernier meeting de campagne au Cannet (Alpes-Maritimes), Bellamy se rassurait en parlant de «frémisseme­nts». De là à progresser dans les urnes, il y avait un pas. L’eurodéputé sortant sera-t-il, comme en 2019, au coeur des critiques visant la piètre forme de son camp? Chez LR, ces derniers jours, on s’accordait plutôt à saluer une «belle» campagne, sérieuse et sans anicroche. Personne ou presque n’espérait, non plus, tirer un quelconque gain politique de cette élection. Les rares présidenti­ables s’étant fait (très) petits durant la campagne, chacun va désormais se focaliser sur 2027. Le patron d’Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a été l’un des premiers à dégainer. A 20 h 02, sur X, il acte la «fin du macronisme» et appelle son camp à «préparer collective­ment le retour de la clarté et de l’autorité». Blasée de jouer dans l’arrière-cour depuis des années, la jeune garde du parti entend, elle, jouer ses propres pions. L’unité vantée pendant la campagne pourrait ainsi ne pas tarder à se fissurer, plus encore en pleine campagne des législativ­es.

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Photo Corentin Fohlen François-Xavier Bellamy (à dr.), dimanche.

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