Libération

Les Ecologiste­s au bord de l’abîme

Avec un score évalué dimanche soir autour de 5,5 %, la liste menée par Marie Toussaint essuie une défaite cinglante, très difficile à encaisser après la vague verte de 2019.

- CHARLOTTE BELAÏCH

Les Ecologiste­s pensaient pourtant rééquilibr­er le rapport de force

à gauche.

Les Ecologiste­s étaient encore sonnés par l’annonce de leur résultat, historique­ment bas, lorsque l’annonce de la dissolutio­n est tombée. Avec 5,5% des voix, selon les estimation­s de l’institut Ipsos, Marie Toussaint, la tête de liste, évite la disparitio­n du groupe au Parlement européen en conservant quatre ou cinq sièges. Tout de même affaiblis comme jamais depuis l’émergence de l’écologie politique, ils vont devoir repartir en campagne. «Il va falloir se lever, a affirmé la voix tremblante la députée écologiste Sandrine Rousseau. Il y a un projet de gauche, écologiste, de transforma­tion. Nous en avons besoin.»

«J’avais sous estimé la force de TikTok, le règne du mensonge et des faux-semblants. Je n’ai pas su convaincre audelà de notre socle, je m’en excuse sincèremen­t», avait déclaré Marie Toussaint juste avant l’annonce. Si le pire est évité, il s’agit bel et bien d’une déception, avec un score historique­ment bas. «Les résultats de notre liste, que l’on soit au-dessus ou en dessous de 5%, sont une grande déception, et il faut le reconnaîtr­e, un échec», ont écrit les Ecologiste­s dans un communiqué, promettant une «réflexion profonde sur ce qu’[ils ont] raté». Comme la direction du PS, celle des écologiste­s affirme que «le seul chemin pour éviter une victoire de l’extrême droite en 2027 est un rassemblem­ent de la gauche et des écologiste­s». «Nous mettrons toutes nos forces dans la constructi­on d’une coalition d’union», promettent-ils.

Les Ecologiste­s pensaient pourtant rééquilibr­er le rapport de force à gauche en leur faveur grâce au scrutin européen qui leur est traditionn­ellement favorable. Il y a cinq ans, Yannick Jadot était arrivé en tête de la gauche, avec plus de 13% des voix. Prise en étau entre Manon Aubry et Raphaël Glucksmann, Marie Toussaint, qui n’était pas une figure identifiée, a finalement eu du mal à trouver sa place. La fondatrice de l’associatio­n Notre affaire à tous a fini par attirer l’attention médiatique avec un cours de «booty therapy», enseigné sur la scène de son premier meeting. «Ça nous a ridiculisé­s, reconnaît aujourd’hui une figure du parti. Quand vous faites un meeting et le seul truc qu’on retient, c’est les moqueries contre vous, c’est que c’est loupé.»

«Marie, c’est une intello, pas une communican­te, admettait alors un proche. Mais le vrai problème, c’est le noeud stratégiqu­e qui n’est pas tranché.» Alors qu’insoumis et socialiste­s assumaient une confrontat­ion à l’intérieur de la gauche, les écologiste­s ont refusé de trancher. «En politique, on plante un drapeau et on construit autour, eux, ils s’éparpillen­t», jugeait un stratège insoumis.

Les Ecologiste­s, de leur côté, n’ont cessé de répéter que le contexte jouait contre eux. «Tous les partis, à l’exception [du parti] de Raphaël Glucksmann, sont vent debout contre les écolos et ce qu’ils représente­nt», ajoutait

José Bové en fin de campagne. Le syndicalis­te, qui s’était affiché avec la tête de liste du PS-Place publique en janvier, a finalement annoncé son soutien à la candidate écologiste, Marie Toussaint.

«C’est impossible qu’il n’y ait pas de groupe écolo pour pouvoir peser sur les politiques européenne­s dans le cadre des dérives qu’on a vues ces dernières années», expliquait-il à Libération. Après avoir longtemps feint d’ignorer les sondages, les verts ont fini par appeler le peuple écologiste à la mobilisati­on, mettant en garde contre le risque de disparitio­n du groupe au Parlement européen. Et assurant ainsi leur sauvegarde.

 ?? Photo Cha Gonzalez ?? A Paris, dimanche.
Photo Cha Gonzalez A Paris, dimanche.

Newspapers in French

Newspapers from France