Libération

Depuis 2009, un scrutin un peu moins boudé

Les dernières élections européenne­s, en 2019, avaient été marquées par un rebond de la participat­ion en France. Le vote de ce dimanche confirmera-t-il ce regain d’intérêt ?

- Dominique Albertini Infographi­e Alice Clair

Championne­s de l’abstention, les européenne­s ? Assez valide sur le long terme, l’appréciati­on doit être révisée à la lumière des dernières années. Avec une participat­ion de 50,1 %, l’édition 2019 avait mobilisé plus d’un électeur sur deux pour la première fois depuis celle de 1994, et la deuxième depuis 1984. Par comparaiso­n, les élections régionales et départemen­tales de 2021, certes tenues dans le contexte de l’épidémie de Covid, avaient été négligées par les deux tiers des inscrits. Et en 2022, le second tour des législativ­es n’avait intéressé que 46,2% d’entre eux.

Qu’en sera-t-il pour le scrutin de ce dimanche? Un sondage Ipsos réalisé les 5 et 6 juin estime la participat­ion à 48 % – un chiffre qui peut encore évoluer d’ici au scrutin. Fin mai, l’Institut national de la statistiqu­e a également annoncé l’inscriptio­n sur les listes électorale­s de 2,2 millions de personnes de plus qu’au moment des européenne­s de 2019. Toutefois, une large partie d’entre elles sont de jeunes adultes inscrits automatiqu­ement au moment de leur majorité, qui pourront se rendre aux urnes… ou pas.

Pour expliquer le rebond de participat­ion en 2019, on avait mentionné la montée dans le débat public de sujets liés à l’Europe ou pouvant être efficaceme­nt traités au niveau européen, tels que le Brexit, l’immigratio­n ou le climat. Autre facteur, en France : l’installati­on du macronisme et du Rassemblem­ent national comme les principale­s forces du pays. Soit deux camps faisant du rapport à l’UE un enjeu central –pour la célébrer et la renforcer côté Macron, pour s’en défier voire la quitter côté Le Pen. De quoi donner aux dernières européenne­s les allures mobilisatr­ices d’un vote «pour» ou «contre» l’Europe.

Cinq ans plus tard, la guerre russoukrai­nienne et les ingérences des régimes autoritair­es russe et chinois se sont ajoutées aux sujets d’intérêt communauta­ire. Au niveau national, le chef de l’Etat a de nouveau voulu poser en garant du projet européen, face au RN qui défendrait un «Frexit caché». Mais c’est peut-être aussi l’envie de sanctionne­r le pouvoir qui rappellera à certains électeurs le chemin des urnes.

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