Pour LFI, le défi de la mobilisation
Pour pousser son électorat à aller voter, le parti de Jean-Luc Mélenchon a recentré sa campagne sur la question palestinienne et l’anti-macronisme.
Le frémissement est tardif mais tombe à point nommé. Dans la toute dernière ligne droite de la campagne européenne, voilà la tête de liste de La France insoumise, Manon Aubry, en légère hausse dans plusieurs sondages. Certains la donnent à 8,5 %, voire 9 %. Du pain bénit pour LFI dont le défi, depuis des mois, est de mobiliser l’électorat de Jean-Luc Mélenchon de la dernière présidentielle. Notamment les jeunes et les quartiers populaires, qui votent traditionnellement peu pour élire leurs députés européens.
Premier tour. L’enjeu est grand pour les mélenchonistes. Outre leur poids à Strasbourg, ils ne veulent pas sortir trop affaiblis d’une élection que tout le monde, à gauche, voit comme un moyen de rééquilibrer le rapport de force en vue de 2027. Eux qui, après la dernière présidentielle, avaient plié le match avec les 22% de leur leader. Pour ne pas se laisser distancer par un Ralestinienne phaël Glucksmann qui s’est rapidement installé en troisième position dans les sondages, derrière le RN et Renaissance, les insoumis ont fait de ces européennes le premier tour de la présidentielle. «L’aprèsMacron commence le 9 juin», martèlent-ils depuis des mois. Le vote LFI est présenté comme un vote sanction contre Emmanuel Macron, argument beaucoup plus mobilisateur, selon eux, que les sujets européens qui semblent souvent loin de la vie quotidienne.
Ces derniers mois, les insoumis ont aussi parié sur la défense de la cause palestinienne pour mobiliser les leurs. Présents dans toutes les manifestations et à tous les blocages d’université, les élus et candidats LFI auront été des soutiens inconditionnels du mouvement appelant à un cessez-le-feu à Gaza. En première ligne, la militante franco-paRima Hassan, en 7e position sur la liste insoumise, a attiré tous les projecteurs. Quitte à invisibiliser la tête de liste, Manon Aubry, qui, pendant un certain temps, a peiné à se faire entendre sur les sujets sociaux.
La tête de liste, Manon Aubry, a pendant un certain temps peiné à se faire entendre sur les sujets sociaux.
Coups. A gauche, la campagne a été violente. A aucun moment, les insoumis n’ont retenu leurs coups contre leurs anciens camarades socialistes et écologistes de feu la Nupes qui ont rapidement rejeté l’idée d’une liste unique. Quand ils n’affirmaient pas que Raphaël Glucksmann représentait le retour de la gauche de François Hollande, ils appelaient les sympathisants écologistes à voter pour eux plutôt que pour Marie Toussaint, en difficulté dans les sondages.
Très présent dans la campagne, Jean-Luc Mélenchon a énormément clivé. De son parallèle entre le président de l’université de Lille, qui venait d’annuler une de ses conférences, et le criminel de guerre nazi Adolf Eichmann, à sa sortie sur «l’antisémitisme résiduel» en France, le triple candidat à la présidentielle s’est mis le reste de la gauche à dos. A tel point que pour de nombreux artisans de la Nupes, comme le patron du PS, Olivier Faure, et la cheffe des écologistes, Marine Tondelier, l’union pour 2027 ne peut plus se faire avec lui. En réalité, Mélenchon s’en moque. Contrairement aux dirigeants roses et verts, l’ancien socialiste ne voit pas l’union comme la seule façon de conquérir le pouvoir mais simplement comme le moyen le plus rapide d’y accéder. En meeting à Lyon jeudi, le tribun a prévenu : «Quoi qu’il arrive, nous ne cesserons jamais notre combat.» En résumé, pendant qu’au début de l’été les cadres du PS, de EE-LV et les insoumis frondeurs multiplieront les initiatives pour tenter de s’allier, les mélenchonistes traceront leur chemin. Seuls.