Libération

Sans grand espoir, LR reste dans l’expectativ­e

Après un score catastroph­ique en 2019, la droite ne s’attend pas au miracle. Les résultats de dimanche pourraient déterminer l’avenir du parti.

- Victor Boiteau

Une ambition au rabais, à la hauteur d’un parti devenu chétif. A la veille du scrutin, Les Républicai­ns n’espèrent pas grand-chose. Et ce serait déjà beaucoup. Le patron du parti Eric Ciotti rappelle souvent le score de 2019 : 8,48 %. Une gifle mémorable, mais le double du drame de Valérie Pécresse en2022. Une histoire de relativité, résumée par un dirigeant du parti : «Jusque-là, tout se passe comme prévu. On n’a jamais espéré faire plus de 7 %. Bellamy a fait 8 en 2019, sans Reconquête. L’objectif premier, c’est d’assurer un seuil de survie. Le deuxième, de remettre de la hiérarchie avec Zemmour. Et trois, si la macronie se décompose, c’est bon pour nous.»

Sauf accident électoral, la droite, à en croire les derniers sondages, devrait dépasser la barre des 5 % et s’épargner une disparitio­n du Parlement européen. Une performanc­e à mettre sur le compte de la tête de liste François-Xavier Bellamy, auteur d’une «belle» campagne, se réjouit-on chez LR. «L’ambiance n’est pas mauvaise», concédait le candidat au Cannet mercredi soir, juste avant son dernier meeting. Selon lui, le «piège de l’indifféren­ce» a été évité, malgré l’absence de «faits marquants».

Appréhensi­on.

L’autre objectif, mettre la tête d’Eric Zemmour sous l’eau, est plus incertain. Le parti d’extrême droite décrochera-t-il le miracle des 5 % ? Les troupes LR y croient moyennemen­t. Reste le score du camp présidenti­el. S’il s’effondre, et que LR frôle la barre des 10 % – un autre miracle –, les caciques du parti se verront pousser des ailes. «Il y aura match pour l’électorat de centre droit», frétille un proche de Ciotti. Personne, en revanche, ne s’attarde sur la grande forme de Jordan Bardella…

Dépasser d’un cheveu les 5 %, faire 6, 7, ou 8… Chez LR, ces quelques décimales ne cachent pas l’appréhensi­on de sérieuses convulsion­s postscruti­n. La tête de Ciotti sera-t-elle réclamée en cas de crash ? La pression autour d’un dépôt d’une motion de censure s’accentuera-t-elle ? La piste d’une coalition avec Emmanuel Macron ressurgira-t-elle? Quid d’éventuels départs vers Horizons, le parti d’Edouard Philippe ? Un paquet de questions qui bourdonner­a aussi aux oreilles de Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand, en service minimum lors de la campagne mais en plein échauffeme­nt pour 2027.

«Pirate». La jeune garde, elle, pourrait dégoupille­r à plus court terme. Si la liste plonge sous les 5%, le député du Lot Aurélien Pradié et ses proches loucheront sur l’appareil. La création d’un groupe parlementa­ire autonome est même sur la table. «A l’Assemblée, LR est un nongroupe, constate le député Raphaël Schellenbe­rger. Il n’y a pas de discussion­s, pas de vision commune.» La bande de trentenair­es imagine un groupe «plus petit, plus agile, plus carré sur ces positions», fermement dans l’opposition au pouvoir en place. «En mode pirate», conçoit un proche de Pradié. Et Schellenbe­rger de prévenir : «On n’acceptera pas d’être simplement les méchants qui ont des choses à dire mais qui acceptent de se taire.»

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La tête de liste LR, François-Xavier Bellamy, à Aubervilli­ers le 23 mars.

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