Asinine Maison hantée
Raconter ses peines tient de la banalité dans le monde du rap français. Le faire avec singularité beaucoup moins. Tel est le défi que s’est donné Asinine depuis deux ans: originaire de Marseille, cette jeune artiste énigmatique (elle n’a pour l’instant donné aucune interview) excite les dénicheurs de talents de la nouvelle scène rap français en développant une musique n’appartenant qu’à elle. Révélée en 2022, avec la sortie de trois titres regroupé sous le nom de C’est les autres, la jeune femme marquait alors les esprits autant par ses expérimentations musicales à mi-chemin entre rap, musique de club et vagues autotunées que pour son écriture pleine de douleurs camouflées et d’introspections imagées.
Une capacité à rendre la peine lyrique et parfois dansante que l’on retrouve aujourd’hui dans Brûler la maison, un nouvel EP de six titres cette fois, dans lequel la Marseillaise confirme toujours plus sa singularité. Quelque part entre rap (Deux Ailes de cire), musique électronique (Afterlife) et chanson (Chacun son rôle), les six morceaux qu’Asinine livre ici racontent, dans une diction toujours marmonnée, les craintes et les souffrances d’une jeune femme cherchant un sens à son parcours chahuté, tout en se livrant à toutes sortes d’expérimentations. Sans jamais choisir entre les styles et en plongeant ses pensées dans des nappes mélancoliques, Asinine continue de tracer sa voie. Une quête de sens et de son, à travers laquelle elle semble exorciser ce qui la ronge. Tout en continuant d’innover dans tout ce qu’elle crée.