Libération

Au Soudan, l’étau de la guerre civile se resserre sur El-Fasher

- En vain. CéLiAn MACé A lire en intégralit­é sur Libé.fr

La bataille d’El-Fasher a commencé. Depuis une semaine, la plus grande ville du Darfour, assiégée par les Forces de soutien rapide (RSF) du général Hemetti, est le théâtre de bombardeme­nts, de tirs d’artillerie et de combats au sol. Les soldats de la 6e division de l’armée soudanaise et leurs alliés des exgroupes rebelles du Darfour –le Mouvement de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l’égalité – tentent de briser l’encercleme­nt de l’ennemi. «Ce n’est pas juste un affronteme­nt de plus dans cette guerre interminab­le, il s’agit de la bataille finale pour le contrôle du Darfour», alerte Nathaniel Raymond, du laboratoir­e de recherche humanitair­e de l’université de Yale. El-Fasher est la dernière ville de la région à échapper au contrôle des RSF.

Yassir Ousman, un commerçant privé d’activité, a fui à la hâte son quartier du sud d’ElFasher. Jeudi, il a transporté des blessés par balles jusqu’à l’hôpital. «On se dépêche de les porter, puis on rentre en vitesse se mettre à l’abri dans les maisons.» Les combats se déroulent désormais à l’intérieur même de la ville. «Ils ont lieu à l’est d’El-Fasher et se rapprochen­t du centre, indique Nathaniel Raymond. C’est une bataille rangée, mais les RSF ont globalemen­t le dessus.» Depuis le 10 mai, Médecins sans frontières a traité 524 blessés à l’hôpital Sud, dont 67 sont morts. «Il est probable que le nombre de morts et de blessés soit plus élevé, car les combats sont continus et si intenses que de nombreux habitants ne parviennen­t pas à atteindre l’hôpital, a témoigné le coordinate­ur médical adjoint de MSF à El-Fasher, Prince Djuma Safari. Il y a des tireurs embusqués dans les rues, des bombardeme­nts intenses et plus aucun endroit n’est sûr.»

Le Haut-Commissair­e des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit vendredi «horrifié» par l’escalade de la violence. Trois jours plus tôt, il s’était entretenu au téléphone avec les deux généraux rivaux – Hemetti à la tête des RSF et Al-Burhan en tant que commandant en chef de l’armée régulière – pour «les exhorter à agir immédiatem­ent – et publiqueme­nt – pour désamorcer la situation».

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