Pass rail : accord «sous conditions» entre l’exécutif et les régions
Clément Beaune l’avait promis. Patrice Vergriete pensait ne pas pouvoir le faire, face à la difficulté de boucler le montage financier avec les régions. Finalement, tout le monde semble s’être mis d’accord. Le pass rail promis pour cet été afin de permettre à 700 000 jeunes de profiter à moindre prix du réseau des Intercités et de celui des RER, devrait bien voir le jour. Le ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete, a déclaré mercredi en début de soirée que «toutes les régions» étaient tombées d’accord.
Les trois régions (Hauts-deFrance, Auvergne-RhôneAlpes et Normandie) avec qui achoppaient les négociations n’ont pas encore confirmé l’accord, dont on ignore encore les modalités. Contactée par Libé, la région Normandie explique qu’il s’agit d’un accord «sous conditions» et maintient ses demandes concernant la répartition des recettes liées à la vente du pass rail – dont le prix avait été annoncé autour de 49 euros par mois – tout en acceptant de n’acter l’entrée dans le dispositif de la région Ile-de-France qu’en 2025, et pas en 2024.
Dans la matinée, le ministre avait fait monter la pression, au dernier jour des négociations pour lancer le programme avant l’été. «Nous ne pouvons pas être opérationnels en 2024. Il n’y aura pas de pass rail cet été. A moins d’un changement de pied des présidents de région, aujourd’hui même», avait-il mis en garde sur France Info. Selon lui, la faute incombait donc à trois présidents de région : Hervé Morin, le président centriste de Normandie, Xavier Bertrand (LR), à la tête des Hauts-de-France et Laurent Wauquiez (LR), le patron de la région Auvergne-RhôneAlpes. Dans un communiqué publié en réaction aux propos du ministre, la région Hauts-de-France s’était dite «favorable» à la mise en place d’un passe rail, mais a regretté qu’il ait été «transformé» par le gouvernement «en un passe au rabais uniquement pour les jeunes». Toutefois, la région avait précisé qu’elle signerait cet accord si «deux points d’alerte sont pris en compte» : l’absence de l’Ilede-France du dispositif et «la répartition du coût» d’une telle mesure.
Plus véhément, le président de la région Normandie déplorait notamment que les chiffrages des pertes de recettes pour la région soient «totalement improvisés et dans tous les cas ne correspondent pas aux chiffres annoncés par le ministre ce matin», ainsi que l’exclusion de la région Ile-de-France du dispositif.
Enfin, la région AuvergneRhône-Alpes avait semblet-il fait volte-face, selon son vice-président (LR) Frédéric Aguilera, interrogé par le Dauphiné libéré. Jugeant que «ces déclarations sont assez étonnantes de la part d’un ministre avec lequel la région n’a jamais eu le moindre contact», il affirme que «la région Auvergne-RhôneAlpes donne son accord pour expérimenter ce pass rail cette année, mais son renouvellement, dans un an, sera conditionné à la présence de l’ensemble des régions, sans exception».
L’accord initial des autres régions métropolitaines, nécessaire pour la mise en place du pass, avait été arraché après des négociations tendues et au prix de nombreuses concessions sur le projet initial. Les régions, qui financent les trains régionaux et décident des tarifs, avaient obtenu selon Vergiete «exactement ce qu’elles demandaient», soit «que l’Etat prenne en charge 80 % du coût» du dispositif, estimé à 15 millions d’euros.