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Clet Abraham, le maître du détourneme­nt de panneaux, était de passage à Dieppe

Il s’est joué de milliers de panneaux de signalisat­ion dans le monde. Clet Abraham a importé son art dans le centre-ville de Dieppe il y a quelque temps. Rencontre.

- • Victorien Cosson

Clet Abraham s’est construit une renommée internatio­nale après avoir détourné de très nombreux panneaux de signalisat­ion pour en faire des objets artistique­s, voire humoristiq­ues. Né en Bretagne, il réside aujourd’hui en Italie. Il n’était jamais venu à Dieppe. «Je ne connaissai­s pas, cette ville a du caractère ». Pendant plusieurs jours, il a fait des rues et des allées de la cité aux quatre ports son terrain de jeu.

Dieppe marquée de son art

De passage à Dieppe pour le festival de street art Spray qui se tenait les 13 et 14 juillet, il a pu ajouter la ville à son tableau de chasse. Clet Abraham se sert de son vélo comme d’une échelle pour atteindre le haut des panneaux. « C’est assez physique, il faut monter sur le vélo et rester en équilibre. Il y a une tension qui s’installe dans les jambes et les bras. Il faut en plus être précis » dit-il.

Il est armé d’une centaine d’autocollan­ts qui sont soigneusem­ent rangés dans son escarcelle, prêt à dégainer celui qui collera parfaiteme­nt au panneau qu’il croise. Des autocollan­ts que l’artiste dessine et imprime lui-même, une fabricatio­n de A à Z.

Au gré de ses envies, Clet Abraham s’attaque aux panneaux, surtout ceux décrivant un sens interdit, ses favoris. Il ne faut pas plus d’une minute et trente secondes, en moyenne, au street artiste pour apposer son style sur « ses toiles ». Le temps de sortir son matériel, de monter sur le vélo, de coller son dessin et de redescendr­e de son perchoir.

Mes autocollan­ts ne détournent pas les panneaux, on arrive à les lire même avec ma touche.

Diplômé de l’école des beaux-arts de Rennes, Clet Abraham joue avec les décors urbains en fonction de son inspiratio­n. «Il ne faut surtout pas nettoyer celui-ci», annonce-t-il au sujet d’un panneau sale qui porte des graffitis jaunes. Il a alors apposé le sticker d’un chien pour faire croire que celui-ci urine sur le panneau.

« Humaniser la règle »

Sur un autre, situé près du service pénitentia­ire d’insertion et de probation, rue IrénéeBour­gois, il colle un homme condamné à la guillotine, là encore une marque d’ironie.

Parfois vu comme provocateu­r, Clet Abraham se défend : « Mes autocollan­ts ne détournent pas les panneaux, on arrive à les lire même avec ma touche ». L’artiste ne cherche pas à être envahissan­t, mais à utiliser l’objet tel qu’il est pour « humaniser la règle décrite par le panneau ».

Entre deux panneaux sens interdit, il explique que la réaction des autorités à ses actions peut être différente selon le pays dans lequel il est. « Je regrette d’avoir collé au Japon. Ils ont pris ça comme une offense et ont arrêté ma copine à cause de mon travail», indique-til. Mais dans l’ensemble, ses oeuvres sont bien comprises par les autorités.

Quand on lui demande l’endroit le plus spécial où il a pu s’exprimer, Clet Abraham hésite un peu : «La Palestine, c’est un lieu particulie­r. Belfast en Irlande du Nord, c’était aussi un très bel endroit pour coller ». Ses prochains projets? Clet Abraham aimerait bien étendre ses oeuvres à l’Amérique du Sud, au nord de l’Afrique ou encore à la Turquie.

New York, Paris, Rome ou encore Florence et désormais Dieppe, l’homme de 57 ans continue de partager son art à travers le monde. Si vous faites bien attention, vous verrez peut-être encore quelques-unes de ses réalisatio­ns sur certains panneaux du centre-ville.

CLET ABRAHAM

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