Un BUNKER INFIRMERIE rue de la VICTOIRE
Certains Dieppois se souviennent de la construction de ce bunker situé à l’entrée de la rue de la Victoire, côté avenue de la République à Neuville. Comme cette riveraine qui avait 7 ans en 1943 et qui habitait dans la rue. Elle raconte que « ce sont des Allemands qui l’ont construit et ils chantaient tout le temps ».
Pour d’autres, c’est une pelleteuse qui leur a révélé son existence à la mi-juillet. En effet, en juillet, la Ville de Dieppe a lancé la partie du chantier de l’Anru 2 qui doit permettre aux piétons de passer du quartier Bel-Air à la rue de la République en empruntant par la nouvelle coulée verte, récemment baptisée Eugénie-leSommer.
Un abri infirmerie mis au jour
Pour cela, des travaux sont réalisés pour créer un escalier au niveau de ce bunker. Pour permettre une descente douce, il sera fait en deux parties: une volée de marches vers la droite, puis une autre volée vers la gauche. La Ville prévoit au total quatre mois de travaux, jusqu’en octobre, pour une mise en service de l’escalier en fin d’année ou au début de l’année prochaine, lorsque la coulée verte sera achevée.
Ce chantier a permis en parallèle de mettre au jour le bunker H639, un des 836 ouvrages construits durant la Seconde Guerre mondiale à Dieppe. Et surtout de faire apparaître une partie – le reste étant enterré –, de ce qui était en fait un abri infirmerie.
La façade côté rue de la Victoire a été mise à nu, un mur de soutènement du talus a été érigé. L’accès à l’intérieur a été en partie nettoyé. Le bunker fait 14 m par 27 m de long avec des murs de 2 m d’épaisseur.
C’est Sylvain Mathieu, président de Bunker archéo Dieppe, qui a servi de consultant à la Ville pour mieux comprendre l’histoire de ce blockhaus. « Cet ouvrage est assez particulier ou représentatif », indique-t-il. En effet, « il a été construit en 1943 suite au raid de Dieppe. Il s’agissait d’un abri infirmerie avec des tables d’opération, des salles de repos, etc. C’est un peu «la face cachée» de la propagande nazie où le régime affichait une confiance totale dans ses systèmes de défense en 1942. Pourquoi construire un tel abri suite au raid de Dieppe ? Peut-être une réponse aux 571 soldats mis hors de combat le 19 août 1942 », note le passionné. L’ouvrage pouvait accueillir un effectif de deux officiers sanitaires, quatre soldats infirmiers et 20 blessés ou malades.
En s’intéressant de très près à l’ouvrage militaire, Sylvain Mathieu a eu une bonne surprise en découvrant « qu’il est fort probable qu’il soit équipé d’une cloche 89P9, comme les ouvrages près de la chapelle de Bonsecours et sur l’esplanade Château de Dieppe ». Cette cloche, qui serait aujourd’hui sous la terre, permettait aux Allemands de voir à l’extérieur. La Ville a décidé de préserver cet abri.